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jeudi 17 décembre 2009

Les trajectoires de l’identité ivoirienne. Vers une réinvention du « dernier ivoirien » ?

Les trajectoires de l’identité ivoirienne. Vers une réinvention du « dernier ivoirien » ?

Depuis quelques années, déterminer l’identité de l’ivoirien est devenu un exercice difficile voire délicat. Les tentatives pour l’appréhender tournent autour de l’ivoirité. Concept qui a fonctionné comme une boîte de pandore en prenant plusieurs formes en distribuant les populations dans des catégories de « bons » et de « mauvais » ivoiriens. La crise de septembre 2002 marque une autre tentative de réinvention de l’ivoirien.

L’ivoirien exclusif d’Houphouët

Conformément au code la nationalité, la nationalité en Côte d’Ivoire peut être d’attribution ou d’acquisition. Au titre de la nationalité d’origine, la nationalité ivoirienne s’attribue conformément aux dispositions des articles 6 et 7 de la loi n° 6-415 du 14 décembre 1961 modifiée par la loi n° 72-852 du 21 décembre 1972. Est ivoirien d’origine, l’individu né de deux parents ivoiriens ou d’un seul parent ivoirien, qu’il soit enfant légitime ou enfant naturel, qu’il soit né en Côte d’Ivoire ou à l’étranger. Est ivoirien par acquisition, celui qui a fait l’objet d’une légitimation adoptive. Celui dont l’un au moins des époux adoptifs est ivoirien, le conjoint d’une ivoirienne ou d’un ivoirien soit par naturalisation. Mais cette identité construite par la loi s’est éloignée de l’ « identité vécue ». Il s’agit de celle qui se construit, se perçoit, et s’actualise au cours des interactions enchâssées dans des pratiques socio-économiques historiquement situées.
L’identité de l’ivoirien est fortement liée aux projets des acteurs politiques. Du coup, on assiste à une l’émergence d’une identité qui fluctue au gré des forces politiques en présence. Celles-ci s’entendent comme «l’ensemble de doctrines, des idées, des groupes ou des partis ayant une influence dans la vie politique » [1]. Le Président Félix Houphouët Boigny a manœuvré pour construire une nation dans laquelle, au mon de l’unité nationale et la paix, tous les citoyens jouissent des mêmes droits et devoirs. L’identité ivoirienne est le produit de trois facteurs : la politique d’ouverture de la Côte d’Ivoire et la gestion diplomatique de la diversité sociale. Après les indépendances le Président hérite d’une économie extravertie dont la vitalité s’appuie sur une main-d’œuvre locale et étrangère. Le Président encourage une immigration des travailleurs étrangers vers la Côte d’Ivoire par la mise en place d’un code d’investissement incitatif [2]. Cette réforme administrative et territoriale va drainer une bonne partie de cette population dans la région de Bouaflé. Les mouvements migratoires vont favoriser la création de villages de cultures comme Koudougou, Grango, Koupéla, Tenkodogo habités par des burkinabé. Les zones cacaoyères vont enregistrer l’arrivée massive d’étrangers qui viennent accroître la main-d’œuvre. Dans un environnement économique florissant, cette politique de brassage culturel a donné naissance à une citoyenneté consensuelle. Elle repose sur un contrat tacite entre les ivoiriens et les non ivoiriens en stipulant que toutes les populations vivant en Côte d’Ivoire jouissent des mêmes droits et devoirs devant la loi. A ce titre, sur la « terre d’hospitalité », l’étranger est invisible ou plutôt il a une faible visibilité au point ou il se noie dans l’océan de la légendaire hospitalité africaine [3]. En dépit de quelques tensions mineures provoquées par la crise avec les Dahoméens et les Togolais [4] abondance de ressources a masqué les différences de nationalité. Le nationalisme apaisé, manifesté pendant la période de la gouvernance d’Houphouët Boigny va se durcir dès 1994 avec l’arrivée au pouvoir du Président Henri Konan Bédié.

L’ivoirité ou la crispation de l’identité

Après la disparition du Président Félix Houphouët Boigny le 7 décembre 1993, une lutte pour le pouvoir s’engage entre les principaux leaders politiques. Cette nouvelle compétition politique se déroule autour des lois sur la nationalité et les conditions d’éligibilité notamment, aux élections présidentielles. Au lendemain de la mort du Président Félix Houphouët Boigny en 1993, Henri Konan Bédié, alors Président de l’Assemblée Nationale est investi à la magistrature suprême suivant les prescriptions de l’article 11 de la constitution modifiée en 1990. Alassane Dramane Ouattara, également intéressé par le pouvoir démissionne de son poste de Premier Ministre et crée en 1994 le RDR. Il instaure la carte de séjour[1] aux populations non ivoiriennes qui vivent en Côte d’Ivoire. Arrivé au pouvoir en 1995, Henri Konan Bédié est renversé par une junte militaire le 24 décembre 1999. La période de transition prend fin en 2000 avec l’élection du Président Laurent Gbagbo.
Les querelles de ceux que l’on pourrait appeler les ‘’héritiers’’ se construisent autour de l’ivoirité. Apparu pour la première fois sous la plume du journaliste Pierre Niava dans un article intitulé « De la griotique à l’ivoirité », ce concept évoque la pensée de l’écrivain Niangoran Porquet sur un mouvement de libération intellectuelle, artistique, culturel, politique, etc. née en marge de celui de la négritude du poète sénégalais Léopold Sédar Senghor. Sur cette base, «L’ivoirité est un concept multiforme englobant la dynamique socio-économique, le triomphe multiculturel dont le tenant artistique est la Griotique, la pensée de l’homme ivoirien dans toute sa profondeur » [5]. L’ivoirité est ainsi pour l’auteur une affirmation de l’identité ivoirienne qui se nourrit de l’apport des autres cultures. Pour George Niangoran-Bouah, l’ivoirité s’entend comme « des données socio-historiques, géographiques et linguistiques » qui font qu’un ivoirien est ivoirien. Pour lui, l’ivoirité c’est « les habitudes de vie, c’est-à-dire les manières d’être et de se comporter des habitants de la Côte d’Ivoire »[2].
C’est avec le Président Henri Konan Bédié que le concept d’ivoirité, prétendument culturel glisse vers le terrain politique. Il intègre son programme avec les intellectuels du PDCI regroupés au sein du CURDIPHE. Ainsi, s’ « il est vrai que la Côte d’Ivoire appartient à tous ceux qui y vivent cependant, il est nécessaire d’apprendre à distinguer les Ivoiriens des non-Ivoiriens. Un homme est un homme. Oui, sans doute. Mais un Centrafricain n’est pas un Ivoirien et vice-versa. » (…) « De ce point de vue, l’ivoirité apparaît comme un système […] dont la cohérence même suppose la fermeture. Oui, fermeture … Fermeture et contrôle de nos frontières : veiller à l’intégrité de son territoire n’est pas de la xénophobie. L’identification de soi suppose naturellement la différenciation de l’autre et la démarcation postule ; qu’on le veuille ou non, la discrimination. Il n’est pas possible d’être à la fois soi et l’autre. (…) L’éléphant d’Afrique que la Côte d’Ivoire du Président Bédié ambitionne de devenir exige sa préservation et sa protection » [5].
L’incursion du concept de l’ivoirité dans les débats sur la participation à la vie socio-politique a fonctionné comme la boîte de pandore ouverte par les leaders politiques et leurs sympathisants. Instrument de légitimation ou de disqualification politique ou économique, il a été le catalyseur d’épisodes de violences qui ont opposés les acteurs politiques et les communautés [6]. Les élections présidentielles du 23 octobre 1995 sont perturbées par le ‘’boycott actif’’ suscité par le FPI qui décide d’empêcher la tenue de l’opération pour protester contre la manipulation du code électoral par le Président Bédié[3]. Les interférences de l’armée dans le jeu politique - depuis 1970 - qui ont débouché au débarquement du Président Bédié en 1999 sont, en partie, dues à la manipulation des identités ethniques sur la base des critères de l’ivoirité [7]. La mauvaise fortune du concept de l’ivoirité tient donc, pour une grande part, au contexte politique particulier dans lequel il a été propulsé.
Le paroxysme de la manipulation risquée de l’ivoirité a été atteint lorsque la rébellion s’en est servie pour prendre les armes le 19 septembre 2002. En effet, « contre l’ivoirité, face aux kalachnikovs et aux milices de Gbagbo, alors que les citoyens se voyaient dans l’impossibilité de s’exprimer librement et de manifester les mains nues dans les rues, l’insurrection armée devenait inévitable. J’ai décidé de quitter mon pays, de rejoindre ceux qui voulaient lutter pour la démocratie et de leur apporter mon savoir-faire politique et ma détermination » [8]. La crispation de l’identité est due aux politiques d’administration de l’Etat civil adoptées depuis Houphouët Boigny.
La politique d’identification des populations vivant en Côte d’Ivoire démarre véritablement en 1990, avec l’institution de la « carte nationale d’identité sécuritaire » ou « infalsifiable », pour les Ivoiriens (loi instituant les CNI date de 1962) ; et de la carte, de séjour pour les étrangers (loi n°90-437 du 29 Mai 1990)[4]. L’objectif des gouvernants de cette époque était de maîtriser le flux migratoire et de juguler l’insécurité, en procédant à une meilleure identification des personnes vivant en Côte d’Ivoire. Pour l’attribution des cartes de séjour, ces derniers ont été divisés en deux groupes : les originaires de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les étrangers hors CEDEAO. En 1994, près d’un an après l’arrivée de Henri Konan Bedié au pouvoir, le gouvernement du Premier Ministre Daniel Kablan Duncan, décide de poursuivre cette politique d’identification. De plus, il introduit un nouveau document d’identification (l’attestation administrative d’identité) pour permettre aux Ivoiriens qui ne sont pas en possession de leurs pièces d’identité, de prendre part aux élections de 1995.[5]
Par ailleurs, le gouvernement décide en 1998, d’initier une loi relative « à l’identification des personnes et au séjour des étrangers en Côte d’Ivoire », qui vient renforcer les dispositions du présent texte. Ce projet devait prendre fin en 1999, et avait aussi pour fondement la lutte contre la fraude sur la carte d’identité ivoirienne[6]. Ce souci permanent de fiabiliser les pièces d’identité ivoiriennes, sera également au centre de la politique d’identification du régime de Laurent Gbagbo et du gouvernement conduit par le Président du FPI Pascal Affi N’Guessan. Le 3 janvier 2002, une nouvelle loi relative à « l’identification des personnes et au séjour des étrangers » est votée[7], mais suspendue dans son application par la crise actuelle. Elle mobilise le sentiment d’autochtonie et d’appartenance à une ethnie, une région. Selon la loi relative à « l’identification des personnes et au séjour des étrangers » votée le 3 janvier 2002, « tout postulant doit remplir quelques conditions dont certaines sont liées au rattachement du postulant à son village »[8]. L’une des préoccupations posées par la rébellion est celle de l’identité ivoirienne qui, selon elle produit des ivoiriens à double vitesse. Les impératifs de paix ouvrent la voie à l’adoption de l’accord de Marcoussis qui va jeter les bases d’une autre réinvention de l’ivoirien. Ce projet passe nécessairement par l’identification des populations.

Les nouvelles trajectoires de l’identité : les accords de Marcoussis …

Soulevée au cours des différentes négociations entre la rébellion et le parti au pouvoir, la question de l’identification a été prise en compte dans les accords signés, puis reprise par la résolution 1633. Ainsi, elle a pour fondement la loi N°2002-03 janvier 2002 relative à l’identification des personnes et au séjour des étrangers en Côte d’Ivoire (qui a abrogé la loi N°98-448 du 4 août 1998) et les différents accords intervenus entre les acteurs politiques, notamment le point 2 du Programme du Gouvernement de réconciliation nationale issu des Accords de Marcoussis.
Marcoussis propose un modèle d’identité qui réconcilie le droit du sang et celui du sol. Il distingue, sans explicitement les nommer comme tels, deux types de "fils d'immigrés" : ceux dont les deux parents sont étrangers (et qui sont nés avant 1972), et ceux dont un parent au -moins est Ivoirien. Le premier volet concerne les fils d'immigrés, nés avant 1972 de parents étrangers. À cette date, à l'occasion de l'abrogation de certains articles de la loi de 1961 (articles 17 à 23), ils ont la possibilité de renoncer à leur nationalité d'origine et de prendre la nationalité ivoirienne. Il s'agit de jeunes nés en Côte d'Ivoire dans les années 1970, ayant donc aujourd'hui entre trente et quarante ans. A l'époque, le gouvernement avait demandé aux parents qui le désiraient de renoncer à la nationalité d'origine pour leur enfant et d'entreprendre les démarches pour permettre la naturalisation par déclaration de ceux-ci selon une procédure accélérée. Très peu de parents issus de l'immigration semblent avoir répondu favorablement à cette proposition. A l'issue de cette guerre militaro-politique, c'est la même proposition qui resurgit, à savoir que ces enfants eux-mêmes se voient offrir la possibilité de devenir Ivoiriens par renonciation à la nationalité d'origine de leur père. Car en effet le Code ivoirien, comme celui de la plupart des pays voisins, ne reconnaît pas la double nationalité. Le second volet concerne les enfants nés d'un parent ivoirien, (père ou. mère) et n'ayant pu se faire établir le certificat de nationalité ivoirienne et les papiers d'identité ivoirienne. Pour ceux-là, les accords de Marcoussis ont préconisé de s'en remettre à une nouvelle "Commission Nationale d'Identification" qui devra travailler dans le respect strict de la «conformité de la loi sur l'identification au code de la nationalité »[9]. L’identification est « l’action qui consiste à individualiser une personne, la distinguer des autres au moyen d’un acte de l’état civil : extrait de naissance ou jugement supplétif tenant lieu d’acte de naissance. Elle a pour objectif de:
- déterminer avec précision le lien juridique unissant chacun des habitants de la Côte d’Ivoire à ce pays ;
- reconnaître à celles ou ceux qui ont le statut de national ivoirien les droits rattachés à cette qualité.
- permettre d’établir la liste de celles et ceux qui, par leurs suffrages, doteront la Côte d’Ivoire de nouvelles institutions (Président de la République, Député, Conseil généraux et Gouverneurs de districts, Maires, Conseillers Municipaux). »[10]

… Les accords de Ouagadougou

Le 4 mars 2007, à la suite du dialogue direct initié par le Président Laurent Gbagbo, Soro Guillaume et ce dernier signe des accords qui précisent les contours de l’identité consensuelle. Ils identifient les opérateurs techniques qui travailleront conjointement pour « fabriquer » le nouvel ivoirien. Ce sont, l’Institut National de la Statistique (INS), la Commission Electorale Indépendante (CEI), l’Office National de l’Identification (ONI), la Sagem-Sécurité et la Commission Nationale de Supervision de l’Identification. Le nombre pléthorique des opérateurs induit des conflits de compétences qui s’en remettent aux mécanismes de suivi et de concertation qui sont le Cadre Permanent de Concertation (CPC) et le Comité d’Evaluation et d’Accompagnement (CEA).
Les dispositions relatives à la construction de l’identité dans ces accords sont la relance des audiences foraines[11] d’établissement de jugements supplétifs d’acte de naissance, la reconstitution des registre de naissance perdus ou détruits, l’organisation d’une opération d’établissement de nouveaux titres d’identité (cartes nationales d’identité et cartes de séjour) et l’identification ordinaire et l’identification sur la nouvelle liste électorale. A la fin de l’opération des audiences foraines, 586.755 jugements supplétifs ont été délivrés et une séance dite de ‘’rattrapage’ est en cours pour permettre aux populations retardataires de rentrer en possession de leurs extraits d’actes de naissance. Un rapport d’évaluation des centres d’Etats civils de zones sous contrôle des fores nouvelles (l’ancienne rébellion) en vue de faire un état des lieux de l’impact de la crise sur les registres d’état civil a dénombré environ 126.328 registres en péril[12]. Le recensement sur les listes électorales est prévu pour une date proche. Entre temps, le Président de la République a pris un décret qui supprime la carte de séjour. Une nouvelle loi contre le tribalisme et la xénophobie a été votée. Elle prévoit la suppression de toutes références à l’ethnie et à la race dans les documents administratifs.

La disparition de l’étrange étranger ou l’apparition du « dernier ivoirien » ?

Les instruments politico-juridiques et culturels (chansons populaires, organisations de manifestations comme le ‘’Djarabi’’ le concours de beauté ‘Miss’) placent la nouvelle identité ivoirienne au carrefour de deux directions. En même temps qu’ils visent à « supprimer » le dangereux « étranger » socialement et politiquement construit dans le prisme de stratégies électoralistes, ils invitent un transivoirien qui abolit les frontières d’une autochtonie sourcilleuse et belliqueuse. Ce « dernier ivoirien » jouit pleinement des droits et devoirs attachés à son appartenance à la nation ivoirienne. Le « besoin de reconnaissance » (Fukuyama 1992) qu’il ressent est satisfait par une justice sociale encadrée par des principes démocratiques conçus, connus et promus par tous. Le sentiment d’appartenance à une communauté imaginée (Anderson 2002) emprunte les chemins de la tolérance et du respect de la différence dans l’ensemble nationale. Les « bons » et « mauvais » ivoiriens, les « patriotes du sud » et les « patriotes du nord » sont renvoyés dos à dos au détriment d’une nation qui réconcilie toutes les communautés.
La nation du « dernier ivoirien » est une communauté idéale de citoyens égaux partageant une histoire et une volonté de vivre ensemble en rejetant les particularismes ethniques, régionales et linguistiques. Elle est fondée sur un compromis de principes juridiques et politiques que par pudeur diplomatique, les uns et les autres feignent de regarder au risque de voir surgir les vieux démons de l’ethnie et de la région. Cette nation se prétend ouverte à tous ceux qui acceptent de partager les nouvelles valeurs juridiques qui sont en chantier depuis les accords de Marcoussis. Le thymos, ce violent sentiment de demande et d’imposition de reconnaissance qui a animé et orienté les affrontements militaires est dirigé vers l’édification d’une participation politique collective. Le sens élevé de responsabilité qu’il induit met les citoyens devant les conséquences découlant de la contraction d’un nouveau pacte social. Le nouveau contrat s’adosse sur les compétences d’une justices sociale à même de redistribuer équitablement les produits de la participation politique.


Notes

1. Selon cet article, « en cas de vacance de la Présidence de la République par décès, démission, empêchement absolu constaté par la Cour suprême, saisie par le gouvernement, les fonctions de Président de la République sont dévolues de plein droit au président de l’Assemblée nationale. Les fonctions du nouveau Président de la République cessent à l’expiration du mandat présidentiel en cours ».


Bibliographie

Akindès F., 2003, ‘Racines des crises socio-politiques en Côte d’Ivoire et sens de l’histoire ‘, in Colloque Identity, security and the négociation of national belonging in West Africa. Reflections on the crises in Côte d’Ivoire. CODESRIA et Nordiska Afrika Institutet, Dakar, 15-16 mai.

Boa Thiémélé. L. R., 2003, L’ivoirité entre culture et politique, Paris, Harmattan collection Points de vue,

Bouquet, C., 2005, Géopolitique de la Côte d’Ivoire, Paris, Armand Colin, 315 p.


CURDIPHE, 1996, ‘L’voirité ou l’esprit du nouveau contrat social du président Henri Konan Bédié’, Abidjan, PUCI.


Dembélé, O., (2002). ‘’La construction économique et politique de la catégorie ‘’étranger’’ en Côte d’Ivoire’’ in Côte d’Ivoire. L’année terrible 1999-2000. M Le Pape and Vidal C, pp ; 123-172

Fukuyama, F., 1992, La fin de l’histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion.


Kieffer, G-A., 2000, ‘Armée ivoirienne : le refus du déclassement’ in Politique Africaine, N° 78, pp. 26-44.

Langer, A., 2005, ‘Horizontal Inequalities an Violent Group Mobilization in Côte d’Ivoire’ In Oxford Developement Studies (33) 25-45 Routledge.

Moya, C., 2006, ‘Ivorian identity constructions: ethnicity and nationalism in the prelude to civil war’ in Nations and Nationalism 12 (4) 613-629.

Olukoschi, A. et sall, E., 2004, ‘Identité, sécurité et renégociation de l’appartenance nationale en Afrique de l’Ouest : réflexions sur la crise ivoirienne’ in CODESRIA Bulletin (N°3 et 4), pp. 39-40.

Quermonne, J-L., 2006, Les régimes politiques occidentaux, Paris, Seuil.

SORO G. (2005). Pourquoi je suis devenu un rebelle, La Côte d’Ivoire au bord du gouffre, Paris, Hachette Littératures, 173 p.

Vidal, C., 2003, ‘La brutalisation du champ politique ivoirien, 1990-2003’ in Revue africaine de sociologie N° 7, Vol. 2, pp. 45-57.

XXXXXX
([1]Quermonne 2006:195
([2]Akindès 2003:10
[3] (Dembélé 2002
4. DOzon
[5] (Boa Thiémélé 2003:83
([5]. CURDIPHE 1996:66-67).
6] (Vidal 2003:45 ; Olukoshi et Sall 2004:40 ; Bouquet 2005:112 ; Langer 2005:32 ; Moya 2006:632)
[7](Kieffer 2000:64).
[8](Soro 2005:24
[1] Pour une partie des acteurs politiques notamment ceux du RDR, la carte de séjour est un instrument de discrimination que le régime en place instrumentalise pour brimer les populations étrangères. Elle a été supprimée par le Président Laurent Gbagbo. Lire à ce propos Fraternité Matin n° 12895 du lundi 5 novembre 2007 et Fraternité Matin n° 12951 du lundi 14 janvier 2008.
[2] Ivoir-Soir du 27 juin 2001.
[3] La Voie des 21 et 22 octobre 1995.
[4] Le Citoyen d’aujourd’hui, N° 1 du mercredi 11 septembre 2002.
[5] Fraternité-Matin du 5 juillet 1994
[6] Fraternité-Matin du 16 juillet 1998.
[7] Le citoyen d’aujourd’hui, du mercredi 11 Septembre 2002.
[8] Extrait du communiqué du Conseil des ministres du 27 février commenté par Notre voie du vendredi 15 mars 2002 publié in Le citoyen d’aujourd’hui, du mercredi 11septembre 2002.
[9] Accords de Linas Marcoussis, Condition des étrangers, article 2, a, p.4, Linas Marcoussis, 2003.
[10] Loi N°2004-303 du 3 mai 2004, portant modification de la loi n° 2002-03 du 3 janvier 2002 relative à l’identification des personnes et au séjour des étrangers en Côte d’Ivoire, Journal officiel de la république de Côte d’Ivoire du 12 août 2004.
[11] Débuté en janvier 2006, la première phase de cette opération à la suite de violences qui ont opposés les jeunes du RHDP aux jeunes patriotes.
[12] Le Repère, N° 026 du vendredi 30 mai 2008.

jeudi 5 novembre 2009

PRESSE ECRITE A LA SORBONNE D'ABIDJAN : DE LA CENSURE A L'OUVERTURE




De la censure ou quand la joute oratoire enflamme les kiosques






Entre 2002 et 2005, la Sorbonne a entretenu des rapports conflictuels avec la presse de l'opposition. Elle était perçue comme l'instrument qui a entraîné la guerre ou le vent qui a attisé les flammes de la haine contre le régime en place. La censure est tombée : interdiction de vente ou de promotion des journaux de l'opposition dans cet espace et ses pairs (congrès, agoras, parlements et autres espaces d'Abidjan et même de l'intérieur).


Une détente sous surveillance


Bien avant la signature de l' accord Politique de Ouagadougou (APO), l'attitude de la Sorbonne à l'égard de la presse de l'opposition a changé. On peut voir dans les buralistes proposer les journaux de l'opposition comme le Patriote et Nord-Sud. Il est même possible de se les procurer et de les lire sur place. Ce changement s'inscrit dans le cadre du mot d'ordre de l'ensemble des organisations de La Mouvance Présidentiel (LMP) qui est la décrispation de l'atmosphère dans le champ politique et la participation active au processus de paix en cours. Mais cette ouverture reste fragile. Avec le dépôt des candidatures pour l'élection présidentielle à venir, on observe des crispations, qui, si elles ne sont pas contenues vont ouvrir la voie à un type de 2ème censure dont les formes ne seront pas loin des précédentes (agressions des buralistes, destruction de journaux, etc.). Les démonstrations de force qui fusent de part et d'autres des quartiers généraux des partis politiques font craindre une violence généralisée qui va s'exprimer partout. L'opposition ne compte plus se faire "rouler dans la farine".





mardi 6 octobre 2009

« IL FAUT SAUVER LE SOLDAT DADIS » : LE PRESIDENT, LE COMMANDANT, LE MILITANT ET LE REVENANT.


On peut le dire, le 28 septembre demeure une date mémorable pour les Guinéens. Indépendante le 28 septembre 1958, elle plonge dans une violence militaire rare le 28 septembre 2009. Au cœur du dernier évènement : le Capitaine Président Dadis Camara, les opposants et l’armée. Le contrôle de l’Etat prétorien échappe au Capitaine Président.

« Je vais rendre le pouvoir à un civile propre » : le capitaine-lavandier

Le 23 décembre 2008, devant le corps encore chaud du Général Lasana Conté, un jeune capitaine de l’armée Guinéenne s’empare du pouvoir d’Etat. C’est par le canal des médias que les Guinéens et le monde entier découvrent le premier visage de ces jeunes soldats qui ont coupé l’herbe sous le pied des autres prétendants qui lorgnaient secrètement le siège présidentiel. Le capitaine Dadis Camara et ses amis prennent le contrôle du pays verrouillant tous les mécanismes institutionnels de transition en cas de décès du Président. Parlant de ses rapports avec le Général défunt, Dadis confie qu’ « il savait que j’avais des ambitions, mais pas démesurées. Il savait qu’après lui, je serais le premier à bondir sur la prise du pouvoir. Et quand il est mort, je n’ai pas cherché à demander à Pierre ou à Paul, ni à la communauté internationale qui parle maintenant, pour prendre mes responsabilités ». Et en ‘bondissant’ sur le pouvoir, il s’était engagé, au début de ses grandes messes médiatiques, « à rendre le pouvoir à un civile propre ».

Le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), la junte au pouvoir dirigée par Dadis avais des projets d’adduction d’eau courante, d’électrification et d’amélioration du système de santé a des populations déjà lessivées par le long règne de Lansana Conté. Au point de séduire toute l’opposition politique. L’opposant historique Julius Olympio lui-même avait accordé toute sa confiance aux jeunes soldats. Et c’est en sauveur que les populations les recevaient dans des haies d’honneurs bruyantes.

L’adoubement des militaires a franchi les frontières de la Guinée. Le Président Sénégalais Abdoulaye Wade s’est en effet empressé de féliciter son ‘fils’ Dadis. Il apporte tout son soutien à son protégé en l’invitant à organiser dans les plus brefs délais les élections présidentielles. Mais grisé par le vertige des honneurs militaires, le Capitaine Président manifeste des velléités de troquer le treillis militaire pour le costume présidentiels trois pièces. Comme le général Président Robert Guéï qui a refusé en sons temps de rendre les locaux propres et le balai aux civiles en Côte d’Ivoire, le capitaine rechigne à rendre le linge qu’il a lavé aux Guinées.

« Ma candidature dépend du peuple » : Jeu de bottes, jeu de vilains à Conakry

Les hésitations du Président Dadis à se retirer agacent les populations et la communauté internationale. Face à la pression générale il profère des menaces. « Moi, je suis imperturbable. D’ailleurs, je ne me suis pas encore déclaré candidat. Non pas, parce que j’ai peur de la communauté internationale. Pas parce que j’ai peur aussi des leaders politiques. Mais je suis en train de suivre mon peuple ». Mais ce peuple qui le suit paiera le prix de son projet de réclamer son départ du pouvoir. Le 28 septembre dernier, une manifestation de l’opposition pour empêcher la candidature éventuelle de Dadis est violemment réprimée par les miliaires. Elle avait été préalablement interdite par la junte. Le bilan est lourd. Une arithmétique macabre divise les acteurs et les observateurs de cette crise. Les organisations de la société civile dénombrent 157 décès quant la junte en déclare 57. A côté des morts de nombreux blessés et des femmes victimes de violences sexuelles sont identifiées. Les blessés sont poursuivis dans les hôpitaux d’où ils sont extraits pour des destinations inconnus. Les morts eux-mêmes n’échappent pas à la furia des bérets zélés. Ils sont ‘enlevés’ des morgues et des artères de la ville par des croque-morts en treillis militaires.

Les soldats poursuivent leur sale besogne jusque dans les quartiers où les ratissages font également des victimes parmi les populations. Les domiciles sont fracturés et les locataires délestés de leurs biens. Sans défense, les Guinéens revivent pendant quelques jours, les souvenirs douloureux des exploits d’un certain ‘Coplan’ chargé de restaurer l’autorité de l’Etat du vivant de Lansana Conté avec une cohorte de soldats déchaînés. On a encore en mémoire les images de ces soldats transformés en pilleurs, des Highlanders vivant en tuant.

« Dire que je contrôle l’armée serait de la démagogie » : requiem pour un putschiste

Les images des victimes du 28 septembre ont incité Dadis à initier la mise en place d’une commission d’enquête internationale en rapport avec l’ONU. Selon un communiqué officiel « Au nom du peuple de Guinée, et suite aux évènements douloureux du 28 septembre, le CNDD et le gouvernement expriment leur compassion aux familles des victimes et demandent (…) la désignation d’un sage président africain pour la médiation en Guinée et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale intégrant l’ensemble des partis politiques chargé de gérer la transition ». Le mercredi 30 septembre et le jeudi 1er octobre sont déclarés « journées de deuil national ». Ces mesures ne semblent pas apaiser l’ire de l’opposition et la volée de bois vert que l’Union Africaine et l’Union Européenne projettent d’asséner à la junte. Les condamnations continuent de s’abattre sur les putschistes. Le Président se retrouve également en face de revenants qui très certainement vont troubler son sommeil pendant longtemps. Il vient de fabriquer des martyrs pour l’opposition qui n’hésitera pas à se servir de ses morts pour l’affaiblir ou le débarquer du pouvoir d’Etat.

Cet épisode de violence militaire en Guinée traduit en réalité les rapports complexes que l’armée entretient avec le corps social. Depuis longtemps ce pays a entamé un lent processus de clochardisation et de bandisation de son armée. Les soldats se plaignent régulièrement de soldes qui ne couvent pas leurs besoins. Le racket seul ne suffit plus à arrondir les fins de mois et, avec le temps, les soldats se sont transformés en bandes de bandits de grands chemins. Les revendications corporatistes débouchent très vite sur des pillages qui sont tolérés par le pouvoir en place. Tout se passe comme si un deal leur permet de « se rattraper » légalement.

Toujours prête à en découdre violemment avec les populations, l’armée guinéenne n’est pas encore délivrée de ses vieux démons. Depuis le Président Sékou Touré, elle affiche clairement ses intentions de ne pas se limiter à protéger les institutions de la République. L’armée est dévorée par le désir de posséder, pour elle seule, le pouvoir. Depuis 1989, le contexte socio-politique de l’Afrique de l’Ouest fonctionne comme un moteur qui entretient cette situation. Cette région est traversée par des guerres gigognes. Les conflits armés se déplacent d’une aire géographique à une autre dans le même espace régional. Derrière elle, se constituent des hordes de mercenaires dont la transhumance est facilitée par les liens séculaires culturelles (ethnies, alliances à plaisanteries, coutumes) partagées par des peuples dispersés dans des pays différents. Ainsi, en plus des motivations pécuniaires, les mercenaires sont parfois mus par des logiques sociales qui se déclinent dans des rivalités et des vengeances entre des groupes sociaux et armés déterminés.

La spirale de conflits a facilité la circulation des armes et une modification de la structure de l’armée guinéenne. Entourée par des pays en conflit Lansana Conté à bunkerisé son pays en recrutant à tour de bras des soldats prêts à protéger son pouvoir contre d’éventuelles attaques venues des voisins. En recrutant lui-même parfois des mercenaires pour renforcer ses effectifs ou en se procurant des armes. Les querelles de génération dans l’armée complexifient davantage la situation. Les jeunes soldats fraîchement sortie des écoles de formation sont bloqués par des anciens (de l’époque de Lansana Conté) nourris par le clientélisme et la corruption. Ces jeunes gens supportent difficilement l’autorité de ces aînés.

D’autre part, la circulation des biens et de personnes sur l’axe des deux Guinées ouest africains a des répercussions sur la Guinée. Comme la Guinée-Bissau, la Guinée est devenue une plaque tournante de la drogue en provenance des pays d’Amérique Latine. Des cartels locaux sont soutenus par de gros trafiquants latiaux qui sont prêts à tout pour écouler la drogue en Europe et en Amérique via l’Afrique. Et dans cette guerre des gangs, le contrôle partiel ou total de l’armée est un avantage comparatif énorme. Dans un Etat où les dealers et certains militaires font bon ménage, il n’est pas superfétatoire d’avancer que l’instauration d’une démocratie militaire est plus urgent que des élections libres et transparentes qui porteront un « civile propre » au pouvoir.

La conséquence immédiate de cette situation est l’indiscipline rampante qui mine l’armée guinéenne. Et le Président Dadis lui-même n’a pas échappé à cette constance. En ‘bondissant’ sur le pouvoir il n’avait pas tenu compte du niveau d’éducation de ses troupes. La maladie de l’ancien chef, Lansana a effrité le mythe sinon la peur qui auréolait l’armée dans les imaginaires. Il ya une sorte d’hyperbolisation de l’armée. Déjà les opposants de Sékou Touré ont fait connaître au monde les tristement célèbres geôles du camp Boiro. D’une manière ou d’une autre l’armée guinéenne imprègne la société entière et lui imprime sa vision du monde. De Sékou Touré à Dadis Camara, l’ordre militaire règne à Conakry.

lundi 21 septembre 2009

RELATIONS COTE D’IVOIRE-BURKINA-FASO : MORT ET RESURRECTION D’UNE COOPERATION.

Depuis quelques jours, l’axe Abidjan-Ouagadougou polarise l’attention des médias. La Côte d’Ivoire et le Burkina-Faso tentent de ‘’réchauffer’’ une coopération qui, au lendemain de la crise militaro-politique du 19 septembre 2002 avait pris du plomb dans l’aile. Derrière le traité d’amitié et de coopération se joue les élections présidentielles dans les deux pays et le positionnement des leaders politiques.

De l’inondation à la coopération : quand la nature arrange les choses


Le 1er septembre 2009, les villes de Ouagadougou, Kaya, Tougan, etc. sont avalées par des trombes d’eau qui plongent les populations dans la désolation. Les images de la catastrophe sont relayées en boucle par les médias locaux et internationaux. Devant l’ampleur des dégâts, le Président Blaise Compaoré lance un appel à la communauté nationale et internationale en vue d’assister les victimes de la catastrophe. Même si l’on ne peut pas ignorer un renforcement des relations entre les deux Etats suite à la guerre en Côte d’Ivoire, il n’en demeure pas moins que le cri de détresse du Président Compaoré marque un tournant important dans le cours de leur collaboration.

L’appareil politique des deux Etats s’est mis en branle à partir de cette inondation. Cet évènement survient à un moment important de la gestion de la crise ivoirienne : la publication de la liste électorale. Ou plutôt son report. Prévue pour le 15 septembre, l’affichage de la liste est reporté sine die. Et pour cause, selon la CEI, « Pour des raisons indépendantes de sa volonté, la Commission Electorale Indépendante (CEI) porte à l’attention de la Communauté Nationale et Internationale que la publication de la liste électorale provisoire prévue pour la mi-septembre sera décalée de quelques jours ». Les organes en charge de cette tâche (CEI, INS, ONI, SAGEM, CNSI) sont soutenus par le Premier Ministre Soro Kigbafori Guillaume. Au sortir d’une réunion avec eux, il a affirmé que : « S’ils sortent la liste provisoire le 15 septembre à midi ou le 16 à midi, ce n’est pas cela le problème de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire veut aller à des élections, nous devons tenir ces élections le 29 novembre 2009 et c’est cela qui nous importe » (http//www.ceici.org). RFI pour sa part annonce cette publication entre le 30 septembre et le 15 octobre 2009. Ce énième report a soulevé une levé de boucliers dans les rangs de l’opposition notamment le Rassemblement Des Républicains (RDR) qui se plaint de se que « On peut considérer que le peuple ivoirien est en train d’être floué ».

Mais ce report est masqué par un ballet diplomatique qui se traduit par le don de la Côte d’Ivoire à sa sœur voisine en difficulté et la visite médiatisée du Président Burkinabé Blaise Compaoré. Une mission humanitaire dirigée par l’ambassadeur Alcide Djédjé est dépêchée au Burkina-Faso. Cet élan de compassion s’évalue à 500 millions de FCFA soit près de 700.000 euros offert au Burkina-Faso.
Mais c’est la visite du Président Compaoré en Côte d’Ivoire (du 15 au 18 septembre) qui est susceptible de masquer ou du moins préparer les ivoiriens et le reste de la communauté internationale à accepter ce report. Un vaste programme est conçu pour meubler cette visite. A côté de la rencontre des acteurs impliqués dans l’organisation des élections, il est prévu la rencontre des différents partis politiques et un séjour à Mama, le village du Président Gbagbo. L’un des points focaux de cette visite est la mise en œuvre d’un traité d’amitié et de coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina-Faso. Pour l’essentiel il porte sur 6 points qui sont relatifs à la politique et la diplomatie ; la fluidité du trafic, des infrastructures routières et ferroviaires ; l’agriculture, la production animale et les ressources halieutique ; l’énergie et les mines ; les postes et télécommunications et les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et la sécurité et la défense entre le deux Etats.

Au cœur de la coopération : les élections présidentielles et le positionnement politique

Outre le traité d’amitié et de coopération, la visite du Président Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire cache les enjeux électoraux qui se construisent dans les Etats. Le chef d’Etat burkinabé est le principal facilitateur dans la résolution de la crise ivoirienne. Sa présence en Côte d’Ivoire au moment du report de la publication de liste électorale vise à apporter un soutien au Président ivoirien et le Premier Ministre. Il s’agit de donner du crédit au processus de sortie de crise en permettant aux ivoiriens « d’avaler la pilule du report ». La crise de confiance généralisée, la méfiance des partis politiques et de certains observateurs à l’égard de la CEI, la SAGEM et de l’INS plombent les possibilités de règlement du conflit. C’est surtout les soupçons de manque de volonté du Président et de son Premier Ministre qui sont avancés. Le Président Blaise Compaoré tente de sauver le processus en se présentant comme un gage de bonne volonté de ces derniers à œuvrer pour le retour à la paix par l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles.

Mais sa présence est surtout un gain pour le Président Gbagbo et son premier Ministre. Eu égard à son influence sur les ex-rebelles le Président Gbagbo peut compter sur lui pour amener Soro Guillaume et ses hommes à s’investir sincèrement dans le processus en cours. Au mieux, il recherche le désarmement de la rébellion avant les élections pour contenter ses partisans et montrer à tous ses détracteurs que l’Accord Politique de Ouagadougou (APO) « se porte bien ». Dans cette période de pré-campagne présidentielle il négocie également le soutien de l’ancienne rébellion qui, a n’en point douter compte un électorat (parmi les nombreuses organisations sympathisantes et militantes qui gravitent autour d’elle) qu’il serait bon de mettre dans son escarcelle. Cet allié est d’autant plus stratégique qu’il fonctionne dans les imaginaires collectifs comme le chiffon rouge du champ politique ivoirien. Tous les partis politiques caressent le secret projet d’avoir avec eux cette opposition armée, qui du fait de son passé militaire, est susceptible de faire peur à plus d’un.

Le rapprochement entre la Côte d’Ivoire et le Burkina-Faso profite également au Président Blaise Compaoré qui lui aussi est en campagne électorale. Les élections présidentielles sont prévues pour l’année 2010 au Burkina-Faso. Et la victoire dans ce pays peut aussi venir d’Abidjan. Kima Emile, le bouillant Président de l’organisation de soutien à l’accord de Ouagadougou passe pour être le joker du Président Compaoré en Côte d’Ivoire. Opérateur économique bien introduit auprès de la galaxie patriotique, ce jeune Burkinabé jouit de tous les atouts pour battre campagne en faveur de son mentor en Côte d ‘Ivoire, le Président Blaise Compaoré. La Côte d’Ivoire compte un fort contingent de burkinabés dont les intentions de vote vont compter pour beaucoup pendant les élections. La sortie du Président Compaoré pour signer un traité de coopération et son implication dans le règlement de la crise ivoirienne visent à améliorer les conditions de vie de la diaspora Burkinabé en Côte d’Ivoire. Le vote de ces derniers est d’autant plus important que dans la sous-région, la Côte d’Ivoire compte le plus grand nombre de Burkinabés. La perspective de ce projet place le Président Gbagbo dans une place de choix dans le dispositif de campagne de Blaise Compaoré. Il compte bien profiter de l’aura diplomatique dont il est revêtu depuis la crise ivoirienne du 19 septembre 2002.

Par ailleurs, le Premier Ministre Soro Guillaume joue aussi son avenir politique dans cette crise. Au sortir de ce conflit, il voudra certainement s’imposer dans le champ politique ivoirien. Et pour compter dans cet espace, il se doit de construire sa carrière maintenant. Le règlement de cette crise détermine ce projet. Son habileté à en sortir sans écorcher son image mais surtout le soutien qu’il apportera au camp qui sortira vainqueur tracera la voie de cette nouvelle orientation. Dans son nouveau rôle « d’arbitre » qu’il revendique, il se positionne comme l’un des acteurs politiques les plus importants de la 3ème génération, après celle des Houphouët Boigny et des Gbagbo Laurent. Et nul doute que l’un de ses plus farouches et fidèles adversaires sera Charles Blé Goudé, le leader de la galaxie patriotique. Dans ce jeu de positionnement, le Premier Ministre sait qu’il doit effacer de la mémoire des populations le souvenir de son passé de rebelle en ménageant à la fois ses troupes et ses adversaires politiques.

vendredi 17 juillet 2009

Elections présidentielles en Côte d’Ivoire. La campagne électorale de 2009 à la Sorbonne d’Abidjan.

Les prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire sont prévues pour le 29 novembre 2009. Les acteurs politiques se préparent à prendre le pouvoir d’Etat. La Sorbonne aussi. « Pour le remettre au candidat du peuple ».
Le 14 mai 2009, à la sortie d’un conseil des ministres, le Premier ministre ivoirien Soro Kigbafori Guillaume annonce les élections présidentielles pour le 29 novembre 2009. Depuis cette date, on observe une certaine agitation dans les Espaces de Discussions de Rues (EDR) à Abidjan. En réaction à la préparation des partis politiques notamment le FPI qui sont rentrés en campagne pour mobiliser leurs bases, les EDR s’activent pour sensibiliser leurs auditeurs.

A la suite de l’annonce officielle de la nouvelle date des élections, ils se sont réunis, à Cocody au siège du Congrès National pour la Résistance et la Démocratie (CNRD) pour choisir leur candidat. Et, Richard Dakoury et ses amis ont porté leur choix sur le Président actuel, Monsieur Laurent Gbagbo.

Les discours sont désormais orientés sur les enjeux des élections présidentielles à venir. Et la priorité est la réélection du Président Gbagbo Laurent. A côté des discours des orateurs qui se succèdent au milieu de la foule, des TD se forment pour prolonger ou renchérir leurs propos.
Selon un orateur, « la priorité en ce moment est le maintien du président au pouvoir ». Cela d’autant plus que « depuis le 19 septembre 2002, les patriotes se sont battus pour sauver la République. Il faut lutter maintenant pour que le président qui n’a pas pu travailler à cause de la guerre fasse son travail tranquillement. On ne s’est pas fatigué pour rien. On ne s’est pas battu pour que quelqu’un d’autre vienne prendre le pouvoir cadeau. Il faut maintenir le pouvoir, pour le remettre au candidat du peuple ». En clair le nouvel objectif est de travailler à la réélection du Président. Un éventuel échec de leur candidat serait semblable à une faiblesse de leur part. Mais surtout une faiblesse « pour ne pas avoir pu défendre le candidat qui connaît le peuple et que le peuple connaît. Parce qu’aucun des autres candidats ne connaît réellement la Côte d’Ivoire que lui. C’est lui que le peuple a choisi ». « Les enfants même qui ne font pas la politique le connaissent parce que c’est lui quia envoyé l’école gratuite pour eux au primaire. Ecole cadeau, c’est lui qui a fait ça pour que le peuple soit éclairé. Or quand les enfants te suivent, c’est que Dieu est avec toi, et si Dieu est avec toi, qui sera contre toi, personne ? Personne. C’est que tu vas gagner, c’est que Koudou va gagner ».

Les enjeux de la lutte sont tels que tout est bon pour atteindre l’objectif. Pour certains « il faut que le président Gbagbo soit élu de façon clair et propre fermer la bouche de ses détracteurs par des élections libres ouvertes à tout le monde même à Alassane Ouattara que tous les autres Président on refuser le droit de se présenter à la magistrature suprême », pour les autres, « on gagne ou on gagne, Gbagbo n’ pas d’adversaires. On va gagner, eux-mêmes ils sont au courant de ça ».

La réorientation des activités de la Sorbonne laisse transparaître son engagement dans les logiques et les pratiques du FPI et de ses alliés politiques (URD, UDCY, etc.). Elle s’est réapproprié son idéologie au point de se transformer en instrument de conquête du pouvoir politique du Président Gbagbo même si dans leurs propos les Sorbonnards et les Sorbonniens se défendent de « lutter pour la démocratie et non pour un individu car l’essentiel c’est le bonheur du peuple, avec ou sans Gbagbo ».