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dimanche 26 décembre 2010

Violences post-électorales : faut-il "brûler'' la presse

Depuis le déclenchement des violences post-électorales, la presse est projetée dans un tourbillon d'actes contradictoires. C'est l'ère d'un nouvel "autodafé".

Les vieux démons sont de retour. Au lendemain de la double investiture de Gbagbo Laurent et d'Alassane Ouattara à la Présidence de la République, la presse dans son ensemble se retrouve à la croisée des chemins. Elle est divisée en 2 blocs. D'une part, ceux qui, proche de Gbagbo soutiennent la presse bleue. Ce sont, entre autres, Notre Voie, Le Temps, Le Temps Hebdo, Le Quotidien, Le nouveau Courrier. De l'autre, on a les journaux de l'opposition regroupé au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) : Le Jour, Le Patriote, Nord-Sud, Le Nouveau Reveil, Le Mandat; etc.

A côté de ces médias traditionnels, se sont greffés d'autres qui, selon le Président qu'ils reconnaissent le suivent ou le combattent. Il convient à ce niveau de remarquer qu'on assiste à une véritable explosion au bout de laquelle les éclats vont dans deux sens. Certains médias sont même nés à la faveur de cette crise.

Mais le fait le plus remarquable est sans nul doute la prise de position de la radio des Nations Unies en Côte d'Ivoire : ONUCI-FM . Cette radio qui reconnaît Alasane Ouattara comme Président fait la promotion de ses idées et de ses actions.

Dans le camp Ouattara, le sentiment de bâillonnement a entrainé la création d'une radio: Radio démocratie FM qui émet depuis le dimanche 12 décembre 2010. L'objectif est de mettre fin à l'isolement médiatique locale dont est victime le Président du RDR. On parle même d'un projet de création d'une télévision.

Au FPI, le Conseil National de la Communication Audiovisuelle (CNCA) a demandé et obtenu la suspension es chaînes d'information France24, TV5 et RFI sur le bouquet de Canal Horizon. RFI n'émet plus à la radio.

Mais la guerre des médias a pris une autre tournure après la tentative de Soro Guillaume et les militants du RHDP d'installer le Directeur Général de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) désigner par Alassane Ouattara, Brou Aka Pascal le jeudi 16 décembre 2010. Au lendemain des violences les points de vue de sont radicalisés.

On assiste deuis ce jour à une sorte de ségrégation spatiale médiatique. Le CNCA a accusé certains éléments de la Garde Républicaine (GR) d'empêcher la distribution des journaux Pro-Ouattara. Les buralistes sont violentés et même les sociétés de distribution seraient menacées de fermeture quant des vendeurs sont tabassés. Dans certains quartiers de la zone gouvernementale, ils sont interdit de vente par des militants. A Abidjan, les environs des cités universitaires constituent des zones rouges pour ces journaux.

A Tiébissou, la ville qui a récemment été l'objet d'affrontements entre les rebelles et les forces loyalistes, des militants pro-Ouattara ont obligés les resposables locaux de la RTI a suspendre ses activités pour prémunir les populations de "l'intox" de la "télévision LMP" comme ils le disent.

D'un autre côté, la guerre continue à l'internationale comme au niveau locale. Les populations qui reçoivent la RTI sur le bouquet de Canal Horizon sont confrontés à de fréquentes suspensions et une mauvaise qualité de réception. Au point où la rumeur pense que ce serait des représailles de Canal Horizon en l'encontre de la RTI contrôler par les hommes de Gbagbo Laurent. Ce qui amené le Ministre de la communication de Gbagbo à créer un site pour mieux défendre Laurent Gbagbo et se défendre. La télévision a renforcé sa présence sur Internet :

Jusqu'où iront les acteurs politiques Ivoiriens pour imposer leurs idées à leurs adversaires.

lundi 8 novembre 2010

Elections présidentielles 2010 en Côte d'Ivoire : la campagne électorale dans les grins et les agoras et parlements


Depuis le samedi 5 novembre, les résultats du premier tour des présidentielles sont connus en Côte d'Ivoire. Gbagbo Laurent et Alassane Ouattara sont qualifiés pour le second tour. Dans les différents "QG", la mobilisation est de mise. Dans cette ambiance, les "agoras et parlements' et les "grins" jouent également leur participation. Coups de phares sur l'implication de ces espaces dans la campagne.


Dans les starting-blocks

La campagne présidentielle a été officiellement ouverte le 15 octobre. Les états majors des 14 candidats se sont mis en branle pour vendre leurs champions. Les "agoras et parlements" et les "grins" se sont alignés à la stratégie définie par leurs mentors.

Le vendredi 15 octobre à 10h, la Sorbonne, notamment l'espace Sorbonne Solidarité dirigé par Nadaud Clément a accueilli la direction de campagne du candidat de La Majorité Présidentielle (LMP), Laurent Gbagbo. C'est une pluie battante que des cadres, militants et sympathisants ont bravé pour lancer officiellement la campagne de leur candidat. Au nombre des cadres on a compté Porquet et Danielle Boni Claverie (l'invitée spéciale et en même temps Présidente de l'URD). Les patriotes ont été entretenu, entre autres, par leur invitée spéciale Danielle Boni Claverie et le Président de la jeunesse du FPI, parti de Laurent Gbagbo, Konaté Navigué. L'animation était assurée par une fanfare et des artistes comme les Djizz et le Président des chantres Unis pour la victoire de Laurent Gbagbo, Germain Kipper. A la fin, la Sorbonne a reçu de la part des cadres du FPI la somme de 100.000 FCFA et de nombreux accessoires pour la campagne (fanions, tee-shirts, etc.).
C'est le 20 octobre 2010, au Palais de la culture de Treichville que les "Grins" ont regroupés au sein du Rassemblement des Grins de Côte d'Ivoire (RGCI)ont officiellement marqué leur soutien au candidat du RDR, Alassane Dramane Ouattara. Eux aussi ont reçu l'adoubement des leaders de ce parti au nombre desquels on a pu identifier le maire d'Adjamé,les ministres Hamed Bakayoko, Amadou Gon, Sangafowa, etc. Mais l'appui le plus important a été celui du Président du parti qui, autour de 11h30 a fait une entrée triomphale avec mille et uns cris de "Ado, pissanci amangni dè, pissanci, Ado pissanci, amangni dè" et sous de fortes décibels de musique reggae de l'artiste Tiken Jah avec sa chanson "Président voyou, mal élu, etc." Après son intervention ADO s'est retiré pour poursuivre la campagne accompagné par une horde de militants qui voulaient toucher leur chef. Les organisateurs ont présenté le bureau nationale du "RGCI". Après, ils ont reçu une vingtaine de mégaphones pour exécuter la stratégie de proximité qui est leur crédo.

Prêt? Partez!

L'attente des résultats du premier tour des élections n'a pas été de tout repos pour ces espaces. Un tour à la Sorbonne du Plateau ou au "grin" Marcoussis à Adjamé quartier Marie-Thérèse confirme cette hypothèse. De part et d'autres chacun met en avant les forces de son candidat. Mais c'est à partir du mardi 2 novembre que les choses se sont accélérés. A la Sorbonne, un document où était affiché les scores de la "LMP" dans les régions circule, se copie, se photocopie, se vend et se revend comme des petits pains. On sent que les gens sont là pour se rassurer de la victoire de Gbagbo, pour chasser le doute et s'encourager. Dès lors, l'arrivée de chaque orateur est perçu comme une délivrance. En témoigne des cris de joie qui l'accueillent et des gros attroupements qui se forment autour d'eux et d'où fusent des questions "C'est comment ? ", "Pardon faut nous dire quelque chose ? ", "Nous on a peur oh, les gars disent quoi?". Un travailleur angoissé par les rumeurs qui donnaient Laurent Gbagbo pour perdant avoue avoir abandonné son poste et être venu à la Sorbonne "pour savoir la vérité et calmer mon cœur[1]". A Adjamé, sylos, crayons, papiers et cahiers sont sortis pour calculer, au fur et à mesure les voix de ADO. Les "Kôrôs" qui "sont proches des viés pères sont attendus". Des dispositions spéciales sont prises : renfort de thé, de sucre, d'eau et de charbon. Des veillées sont systématiquement organisées pour "voir si les gars vont pas nous voler" disent quelques membres du "grin". Des indiscrétions qui, selon eux, viennent de la Commission Electorale Indépendante (CEI) parlent non seulement de la victoire de ADO au premier tour mais des nombreuses tentatives de Gbagbo pour tricher. Un "kôrô" soutient que "c'est un de nos gars qui est là bas qui a dit que les voleurs de FPI ont voulu mettre des bulletins dans des urnes dans son coin mais les gars l'ont siri [2]".
Pour cette première partie de la série de papiers relatif à l'implication des espaces de discussions de rues (EDR) dans la campagne nous nous limitons à ce premier jet.

Petit vocabulaire du nouchi
1. Expression qui signifie calmer ses angoisses, mettre fin aux tourments
2. Mot malinké qui signifie attrapé, saisir. Ici il s'agit de quelqu'un qui a été pris sur le fait

Présidentielles 2010 en Côte d’Ivoire : Jacqueline Lohouès-Oble ou la grande Marche des femmes.


Le conseil constitutionnel ivoirien a proclamé les résultats définitifs des élections présidentielles du 31 octobre 2010 en Côte d’Ivoire le samedi 6 novembre. Par la voix de son premier responsable il a validé les résultats provisoires déjà annoncés. Parmi les nombreuses surprises apparues, on note le résultat plus qu’honorable de la seule femme en lisse.


A l’image des autres candidats, Jacqueline Lohouès-Oble a parcouru villes et hameaux pour exposer aux Ivoiriens son programme de gouvernement. A côté des tournées et des meetings, elle s’est soumise à l’épreuve de l’entretien de 90 minutes sur les ondes synchronisées de la radio et de la télévision avec des journalistes. Son programme de gouvernement est passé au crible avec, en prime, le passif de son passage au Ministère de la justice.

Les résultats provisoires de ces élections présidentielles proclamés par la Commission Electorale Indépendante (CEI) le mercredi 3 novembre 2010, sont validés par le Conseil constitutionnel 48 heures plus tard. Jacqueline Lohouès-Oble engrange 12.271 voix pour une première participation aux élections présidentielles soit 0,27% des suffrages exprimés. Sa candidature, au regard du classement général à la suite des résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel, ne paraît pas avoir été mal perçue. Du reste elle a fait bonne impression en s’autorisant un score de 6.373 voix dans une localité devant l’un des plus vieux routiers de l’arène politique ivoirienne qui lui, a totalisé seulement 3.278 voix. Sur les 14 candidats, elle vient en 8ème position. Au lendemain de la proclamation des résultats provisoires, elle a dit : « On peut se réjouir des résultats que nous avons eus, si l’on tient compte du peu de moyens dont nous disposions et d’une année de campagne. Si l’on avait eu plus de moyens et de temps, on aurait certainement fait plus ».

Le résultat obtenu par Jacqueline-Lohouès Oble appelle 3 réflexions majeures. Elle a Commencé sa campagne dans la ville de Grand-Bassam, petite bourgade touristique située à 43 km de la capitale, Abidjan. C’est une ville-symbole qui a été, en 1945, le théâtre de la grande Marche des femmes sur la prison pour la libération des cadres du Parti Démocratique Ivoirien du Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) en butte au pouvoir colonial. Pour Lohouès-Oble, il s’agit, en rappelant à l’opinion nationale et internationale le rôle historique majeur des femmes dans la participation politique, ses propres capacités à impulser et à entretenir un changement social significatif. En passant, elle projette de rallier à sa cause non seulement l’électorat féminin toute catégorie sociale confondue mais aussi la vieille garde conservatrice du plus vieux parti politique ivoirien, le PDCI. En plus, elle montre aux yeux de tous qu’une femme peut être portée à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire. C’est un pas vers la construction de l’égalité de genre. On peut avancer enfin que Jacqueline est le symbole qui va participer à l’émergence d’une nouvelle élite politique, économique, culturelle, etc. Mais au-delà cette perspective élitiste, Lohouès-Oble est le déclencheur de projets de réussite des personnes vulnérables, notamment les femmes. C’est le modèle d’une lutte que la candidate elle-même a résumé en ces termes lors d’un meeting le 14 octobre à Divo, ville située à 189 Km d’Abidjan : « Mettons-les [les hommes] a la retraite si nous voulons le développement ». Elle pourrait se représenter à la prochaine élection avec plus de réussite.

vendredi 28 mai 2010

Gbagbo réclame le retour de la BAD à la maison


Les assises annuelles de la BAD suivent leur cours. Le Président Laurent Gbagbo réclame le retour de la banque.

Depuis hier, 27 mai 2010, les 45 ème assemblées annuelles de la BAD se tiennent à Abidjan. Le Président Laurent Gbagbo a, au cours de son allocution réclamé le retour de la banque à Abidjan. Pour lui, la Côte d'Ivoire est prête à la recevoir après la rencontre.

En réponse à la demande du Président, Kabéruka a, dans un langage diplomatique rassurer son interlocuteur. Pour le premier responsable de la BAD, le retour est conditionné par certains facteurs. Il faut, pour cela, que le pays remplisse les conditions suivantes :
- des facilités pour la scolarisation des enfants des employés,
- la sécurité du personnel
- la fin de la crise qui dure depuis le 19 septembre 2002.

Comme on le voit, le retour de la BAD n'est pas pour bientôt. Sans verser dans un pessimisme crue, les indicateurs de possibilités de tenue des consultations électorales dans les jours à venir sont au rouge. De façon diplomatique, la BAD invite les ivoiriens à s'entendre pour mettre fin au conflit. C'est la condition majeure posée pour un retour probable de la banque.

Mais ce retour est difficilement envisageable. La Tunisie est certainement en train de manœuvrer pour retenir la banque chez elle. Et c'est de bonne guerre qu'elle a, dès l'arrivée de ses nouveaux visiteurs déployés toute une batterie de mesures sécuritaires, économiques, fiscales, etc.pour recevoir la banque. Il ne serait donc pas surprenant" de voir la banque traîner les pas, se faire désirer pour des "motifs sans importance comme un enfant gâté. Cela serait dans doute la conséquence des soins, de l'attention déployée par la Tunisie pour la retenir. On espère que les difficultés actuelles rencontrées par les autorités ivoiriennes pour faire revenir la BAD servira de leçon aux acteurs politiques a avoir recours au dialogue pour régler les différends et à bannir l'usage de la guerre.

mercredi 26 mai 2010

Un TD à la Sorbonne du Plateau


Au lendemain de l'échec de la tentative de déguerpissement des locataires de la Sorbonne du Plateau les commentaires sur cet événement sont abondants. A la Sorbonne, le mardi 26 mai 2010, les Sorbonnards font le bilan de la folle journée du lundi de Pentecôte.


Un TD chez Mado

L'une des activités majeures de cet espace est l'organisation des Travaux Dirigés (TD). Elle consiste en un regroupement de personnes, orateurs et assistants dans un coin de l'espace pour échanger sur des sujets variés. C'est une sorte de préambule, d'entrée en matière ou d'ouverture aux interventions des orateurs. Il réunit un petit groupe d'individus dont le nombre varie selon les sujets, les espaces et les sujets à l'ordre du jour.

A la Sorbonne, le mardi 26 mai, il est 8 h 40 mn lorsque 25 jeunes personnes se regroupent et se coincent dans la gargote de "Mado". C'est une vieille dame qui répond au prénom de Madeleine ou "Mado" (pour les Sorbonnards) qui depuis toujours vend du café. On y consomme du thé au citron et du café. La plupart des visiteurs, notamment les Sorbonnards y prennent du café avant de commencer les échanges. Ce matin, le sujet du TD au programme est la résistance face à la tentative de déguerpissement du Maire Akossi Bendjo.

Le Professeur Salam, Lekota et Adolphe, des orateurs et d'autres consommateurs relatent les faits de la veille. Selon eux, tôt le matin, les hommes de Bendjo ont tenté de les déloger. Les hommes en charge d'exécuter l'ordre de déguerpissement étaient accompagnés par un caterpillar qui avait pour mission de démolir les magasins. Mais avec énergie ils ont été mis en déroute. A 9 h 40 mn le nombre de participants au TD passe à 47 personnes. Certains sont assis sur les 5 bancs autour des 2 tables de "Mado" et les autres sont débout aux alentours.

Tous les acteurs de la Sorbonne sont félicités. Les jeunes sont traités en héros pour leur courage. Les femmes ne sont pas restées en marge de l'action. Elles approvisionnaient les hommes en pierres et autres projectiles de fortune (morceaux de planches, bois, etc.). Après les échauffourées elles ont confectionné des repas servis gracieusement aux hommes. Autour de 11 h le groupe se dégraisse et atteint 23.

Les implications

Le projet du Maire du Plateau a eu 3 conséquences majeures. Au niveau professionnel, la crise a perturbé le fonctionnement de la mairie. Ses portes sont restées fermées durant toute la journée du mardi. Les bruits couraient que les Sorbonnards voulaient lancer eux aussi un "assaut" sur la mairie pour rendre la monnaie au Maire. Les usagers se sont donc retrouvés devant des barbelés en lieu et place des agents pour les services courant comme le dépôt et le retrait d'extrait d'acte de naissance, de mariage, de décès, etc.

Au plan économique, la perturbation du fonctionnement de la mairie a manifestement empêcher l'entrée de d'argent. Les frais des services sont des revenus qui remplissent les caisses de la mairie. Les conséquences vont cependant bien au-delà de la mairie. Les commerçants dont les magasins se situent à proximité de la Sorbonne ont travaillé au ralenti. Les opérateurs économiques travaillaient dans un climat lourd avec, dans le coeur, la crainte d'un affrontement entre les adversaires d'hier.

Politiquement, c'est un revers pour le Maire. Du reste l'un des orateurs s'en est moqué en affirmant que "Bendjo a été désavoué et il ne sait pas a quel saint se vouer". Derrière cette formule c'est l'échec de la famille de l'opposition, notamment le RHDP. Il se heurte, encore une fois devant le rideau formé par la collusion entre les Sorbonnards et leurs puissants alliés du camp présidentiel. On a assisté à une crise au niveau du fonctionnement des services de l'Etat. Le Maire a tenté en vain de réquisitionner les forces de l'ordre pour exécuter son projet de déguerpissement. Il n'a pas eu gain de cause. Les antagonismes politiques ont perturbé, fragilisé le pouvoir d'Etat. Le Maire, le Préfet de police, le Ministre de la défense, la police se sont illustrés par un dysfonctionnement de la machine étatique. Les principaux acteurs impliqués dans la crise ont réagi différemment devant la situation. La logique politique à prévalu sur la logique administrative.
D'autre part, c'est également l'expression de la Sorbonne qui fonctionne comme un lieu de résistance sociale. Au-delà du gain politique c'est aussi un actif sociale qui tombe dans l'escarcelle des populations vulnérables. Les nombreux commerçants qui exercent à la Sorbonne échappent encore une fois à une autre tentative de destruction de leur patrimoine. Pour les femmes c'est une réponse vigoureuse à l'acharnement du Maire. Il y a quelques années, il les avaient expulsé du marché sans envisager la possibilité de recaser tout le monde. Les plus heureuses se sont retrouvées au marché aux fruits près de la Compagnie Abidjanaise de Réparation Navale (CARENA). Les autres, privées de source de revenus ont trouvé leur salut à la Sorbonne. Elles avaient une revanche à prendre devant un Maire qui initie des projets pour les plonger dans la précarité. La Sorbonne sort ragaillardie et plus forte de cette crise. Le Maire, encore plus fragilisé.

lundi 24 mai 2010

La BAD et les "bad boys" de la Sorbonne du Plateau d'Abidjan


La Banque Africaine de Développement (BAD) tient ses assemblées annuelles à Abidjan en Côte d'Ivoire du 24 au 30 mai 2010. Les préparatifs de cet évènement ont démarrés avec entre autres, l'assainissement de l'espace public, y compris la Sorbonne qui, malheureusement pour les autorités municipales du Plateau résiste.






La Côte d'Ivoire se prépare


Le 19 septembre 2002, la Côte d'Ivoire est entraînée dans un conflit militaro-politique dont les conséquences sont énormes. En plus des victimes humaines (décès, blessés, etc.), l'économie prend un grand coup d'arrêt. Les institutions financières qui ne supportent pas les bruits de bottes se renferment et, certaines dont la BAD, se retirent de la Côte d'Ivoire. La raison est simple : l'argent n'aime pas le bruit.

Le gouvernement Ivoirien tente de faire revenir la banque par des opérations de charme. De nombreuses missions sont envoyer en Tunisie pour lui donner toutes les assurances dans le but de la faire revenir. Elle traîne les pas. Les efforts de la Côte d'Ivoire sont récompenser. M. Kabéruka, premier responsable de la banque décide d'organiser les prochaines assises de l'institution à Abidjan.

Les autorités ivoiriennes jubilent. Tout le monde se mobilise. Abidjan fait sa toilette. Les communes qui sont en première ligne de l'événement sont particulièrement sollicitées. Il s'agit de Cocody et du Plateau. Mais au-delà de ces deux communes, toute la ville vit au rythme de cette activité. Et la première opération, la plus visible est le nettoyage de l'espace public. L'objectif ici est de débarrasser Abidjan de sa laideur sous toutes ses formes. Ainsi, mendiants, indigents, personnes atteintes de démence, commerces anarchiques, vendeurs à la sauvette, etc. sont repoussés. Des actions musclées de déguerpissement sont organisées pour donner aux rues leur plus belle et fière allure. Les commerces anarchiques sont saccagés tandis que les rues sont curées et "revêtues" de panneaux publicitaires géantes qui chantent les bienfaits de la BAD. Les médias également s'y mettent. C'est dans ce contexte que le Maire du Plateau décide lui aussi de débarrasser sa commune de ces indésirables au nombre desquels se trouve la Sorbonne.


La Sorbonne, une citadelle inexpugnable ?


L'opération de déguerpissement des commerces anarchiques s'est étendue aux cités universitaires de Mermoz et de la cité rouge. Or ces espaces sont réputés pour être des zones qui échappent au contrôle de la mairie du fait des franchises universitaires mais surtout de l'ombre de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI). Mais contre toute attente, le vendredi 21 mai, les alentours de Mermoz, notamment la voie qui longe l'entrée contiguë à Ocean Ogilvy en allant à l'Institut Goethe est débarrassée de ses petits travailleurs du secteur informel : ateliers de coiffure, magasins de vente de matériels bureautiques, restaurants, etc. Bref, les cités sont mises au pas.

Mais la Sorbonne pose une farouche résistance. Le lundi 24 mai, les agents de la police municipale commis à l'opération de déguerpissement sont repoussés par les Sorbonnards qui, depuis quelques temps les attendaient de pieds fermes. L'effet de surprise escomptée par le Maire Akossi Bendjo n'a pas porté ses fruits. "L'assaut" a été donné tôt le matin autour de 7 h. Et de surcroit le lundi de Pentecôte, jour férié. L'environnement se prédisposait donc a cette action. Non seulement le Plateau n'est pas fréquenté ce jour, ce qui aurait pour conséquence de fournir aux Sorbonnards des renforts de fortune par la présence des personnes qui constituent leur auditoire habituel mais, il ne serait pas bienséant d'offrir aux visiteurs et autres travailleurs le spectacle désolant du Plateau transformé en champ de bataille. Pis, le Maire craint un ralentissement de l'activité économique au coeur de la capitale administrative des communes de Côte d'Ivoire.

L'opération échoue. Le maire rumine sa déception. Elle est d'autant plus grande que depuis quelques temps, il a, sur la base des prérogatives attachés a son statut, "réquisitionné" les forces de l'ordre, notamment la police pour l'appuyer dans son projet. Mais mal lui en a pris. La police n'a pas envoyé des éléments pour l'aider. Ses hommes, dépourvus d'armes de maintien de l'ordre et de la formation requise sont mis en déroute par les hommes de Nadaud Clément et de Dakoury Richard respectivement Président de la Sorbonne Solidarité et de la Sorbonne originelle. Le premier est du reste blessé lors de l'intervention des agents municipaux. Le Maire explique sa déception et son amertume à OUNCI-FM et à RFI qui relais l'information. Mais il se promet de laver cet affront en se jurant de déloger ses locataires illégaux quelque soit le temps que prendra cette action.


Les enjeux du déguerpissement


La tentative de déguerpissement du lundi de Pentecôte est la énième d'une longue série engagée par le Maire du Plateau. Depuis toujours, le premier magistrat de cette commune s'est juré de dompter cet espace qui lui résiste. Pour lui le déguerpissement s'inscrit dans le cadre du programme de rénovation et de valorisation de l'espace du Plateau. La Sorbonne est ici considérée comme l'une des plaies qui défigure la commune. Elle est le symbole d'une tentative de ghettoisation de ce haut lieu des affaires qui n'a que faire de l'écume sociale.

Mais derrière le rideau de projet de développement, se cache des enjeux hautement politiques. Le Maire du Plateau appartient à l'écurie politique de Henri Konan Bédié, Président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). C'est le plus vieux des partis qui animent le champ politique ivoirien et, depuis les élections de 2000, il a basculé dans l'opposition. La polarisation politique s'est renforcée avec la crise du 19 septembre 2002.

En effet, depuis ce jour, la Sorbonne a connu un changement qui a profondément modifié son fonctionnement. Comme nous le disions dans un précédent article, cette guerre a favorisé non seulement l'éclatement de la Sorbonne (qui a été purgé des autres animateurs proches des autres partis concurrents au Front Populaire Ivoirien (FPI), le parti du Président Laurent Gbagbo), mais il a été un catalyseur d'un double mouvement. L'entrée en force des jeunes dans l'espace politique mais surtout un enrôlement de ces derniers dans les espaces de libres expressions qui se sont dupliqués sur toute l'étendue du territoire national. Les jeunes, proches du Président de la république ont fabriqué sur le modèle de la Sorbonne d'autres espaces communément appelés "parlements" ou "agoras" pendant que, un ancien Sorbonnard (surnommé Recteur) enrôle les traditionnels "grins" dans le sillage de l'opposition, notamment le Rassemblement Des Républicains (RDR) de Alassane Dramane Ouattara.

Le déguerpissement de la sorbonne est donc une action d'opposition de perceptions divergentes. Pour le Maire, les assises de la BAD lui offre l'opportunité rêvé de mettre fin au règne des Sorbonnards en privant le Président Gbagbo d'une de ses bases stratégiques auprès des jeunes et des populations défavorisées (les commerçants qui se "débrouillent" à la Sorbonne). Gbagbo est considéré par ce dernier comme le protecteur de cet espace. C'est aussi une occasion pour le Maire de pousser le Président dans son propre piège. Mesurant toute l'importance qu'un retour probable de la BAD est souhaitée par le Président, il est presque certain que ce dernier n'hésitera pas à se débarrasser de ses protégés pour réaliser ce projet. Pour satisfaire cet allié économique et diplomatique, le sacrifice de cet espace n'est pas de trop. Et puis, si le Président veut être logique avec lui-même, il ne peut pas ordonner le nettoyage de la commune de Cocody sans réclamer celle du Plateau qui abrite le siège de la BAD situé à quelques pâtées de la Sorbonne.

Les assemblées annuelles sont circonstancielles alors que les activités sont pérennes et se tiennent au Plateau. De ce fait, la même rigueur doit être appliquée tant à Cocody qu'au Plateau. L'occasion est donc belle pour se débarrasser de ces encombrants et indésirables locataires et pour fragiliser un adversaire politique. En "fermant la Sorbonne il brise le symbole de la résistance traduite par les espaces de libres expressions. Mieux, il signe l'arrêt de mort des autres espaces qui "troublent" le sommeil des autres Maires adversaires du FPI. Ce geste peut donner des idées (et du zèle) au Maire d'Abobo qui se bat depuis longtemps avec le "Tout Puissant Congrès d'Abobo", pour ne parler que de ce cas.

De leur côté, les Sorbonnards sont prêts a en découdre avec le Maire. Ils perçoivent la tentative de déguerpissement comme la violation du gentlemen agreement signé entre les deux parties il ya quelques temps. En substance il existerait un pacte de non agression entre les deux. La Sorbonne doit continuer ses activités jusqu'à ce qu'à la fin du conflit du 19 septembre 2002, tout au moins après les élections présidentielles prochaines. Pour eux, le Maire veut profiter des assemblées annuelles de la BAD pour liquider un partenaire embarrassant. Mais c'est mal connaître la ténacité des Sorbonnards qui ont décidé de se battre pour défendre chaque bout de terre d'un lieu qui fonctionne comme un espace de résistance politique mais aussi économique.

La résistance est d'autant plus farouche que depuis la marche du 26 janvier 2010, les jeunes de l'opposition, surtout du RHDP commence à grignoter sérieusement une grande parcelle de la rue considérée comme chasse gardée des jeunes du parti au pouvoir. Le leader de la galaxie patriotique , Charles Blé Goudé, n'a pas manqué de le rappeler d'ailleurs. De ce fait, il n'est pas question, pour les Sorbonnards de céder aux injonctions politiciennes du Maire. En tout cas la BAD a rencontré des "bads boys". En face d'elle des jeunes gonflés à bloc qui veulent s'adonner à de véritable jeux de démonstrations de force. D'un côté c'est pratiquement à genoux qu'on a obtenu le report de la marche des jeunes du RHDP pour obtenir l'organisation des assises de la base dans la sérénité et de l'autre côté, le Maire du Plateau se heurte à l'intransigeance des Sorbonnards qui refusent de céder leur espace. Les jeunes qu'on peut qualifier d'enfants terribles ou "bad boys" du jeu politique en Côte d'Ivoire donnent, par la force, leur livre blanc de revendications à leurs aînés de la BAD.