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lundi 8 novembre 2010

Elections présidentielles 2010 en Côte d'Ivoire : la campagne électorale dans les grins et les agoras et parlements


Depuis le samedi 5 novembre, les résultats du premier tour des présidentielles sont connus en Côte d'Ivoire. Gbagbo Laurent et Alassane Ouattara sont qualifiés pour le second tour. Dans les différents "QG", la mobilisation est de mise. Dans cette ambiance, les "agoras et parlements' et les "grins" jouent également leur participation. Coups de phares sur l'implication de ces espaces dans la campagne.


Dans les starting-blocks

La campagne présidentielle a été officiellement ouverte le 15 octobre. Les états majors des 14 candidats se sont mis en branle pour vendre leurs champions. Les "agoras et parlements" et les "grins" se sont alignés à la stratégie définie par leurs mentors.

Le vendredi 15 octobre à 10h, la Sorbonne, notamment l'espace Sorbonne Solidarité dirigé par Nadaud Clément a accueilli la direction de campagne du candidat de La Majorité Présidentielle (LMP), Laurent Gbagbo. C'est une pluie battante que des cadres, militants et sympathisants ont bravé pour lancer officiellement la campagne de leur candidat. Au nombre des cadres on a compté Porquet et Danielle Boni Claverie (l'invitée spéciale et en même temps Présidente de l'URD). Les patriotes ont été entretenu, entre autres, par leur invitée spéciale Danielle Boni Claverie et le Président de la jeunesse du FPI, parti de Laurent Gbagbo, Konaté Navigué. L'animation était assurée par une fanfare et des artistes comme les Djizz et le Président des chantres Unis pour la victoire de Laurent Gbagbo, Germain Kipper. A la fin, la Sorbonne a reçu de la part des cadres du FPI la somme de 100.000 FCFA et de nombreux accessoires pour la campagne (fanions, tee-shirts, etc.).
C'est le 20 octobre 2010, au Palais de la culture de Treichville que les "Grins" ont regroupés au sein du Rassemblement des Grins de Côte d'Ivoire (RGCI)ont officiellement marqué leur soutien au candidat du RDR, Alassane Dramane Ouattara. Eux aussi ont reçu l'adoubement des leaders de ce parti au nombre desquels on a pu identifier le maire d'Adjamé,les ministres Hamed Bakayoko, Amadou Gon, Sangafowa, etc. Mais l'appui le plus important a été celui du Président du parti qui, autour de 11h30 a fait une entrée triomphale avec mille et uns cris de "Ado, pissanci amangni dè, pissanci, Ado pissanci, amangni dè" et sous de fortes décibels de musique reggae de l'artiste Tiken Jah avec sa chanson "Président voyou, mal élu, etc." Après son intervention ADO s'est retiré pour poursuivre la campagne accompagné par une horde de militants qui voulaient toucher leur chef. Les organisateurs ont présenté le bureau nationale du "RGCI". Après, ils ont reçu une vingtaine de mégaphones pour exécuter la stratégie de proximité qui est leur crédo.

Prêt? Partez!

L'attente des résultats du premier tour des élections n'a pas été de tout repos pour ces espaces. Un tour à la Sorbonne du Plateau ou au "grin" Marcoussis à Adjamé quartier Marie-Thérèse confirme cette hypothèse. De part et d'autres chacun met en avant les forces de son candidat. Mais c'est à partir du mardi 2 novembre que les choses se sont accélérés. A la Sorbonne, un document où était affiché les scores de la "LMP" dans les régions circule, se copie, se photocopie, se vend et se revend comme des petits pains. On sent que les gens sont là pour se rassurer de la victoire de Gbagbo, pour chasser le doute et s'encourager. Dès lors, l'arrivée de chaque orateur est perçu comme une délivrance. En témoigne des cris de joie qui l'accueillent et des gros attroupements qui se forment autour d'eux et d'où fusent des questions "C'est comment ? ", "Pardon faut nous dire quelque chose ? ", "Nous on a peur oh, les gars disent quoi?". Un travailleur angoissé par les rumeurs qui donnaient Laurent Gbagbo pour perdant avoue avoir abandonné son poste et être venu à la Sorbonne "pour savoir la vérité et calmer mon cœur[1]". A Adjamé, sylos, crayons, papiers et cahiers sont sortis pour calculer, au fur et à mesure les voix de ADO. Les "Kôrôs" qui "sont proches des viés pères sont attendus". Des dispositions spéciales sont prises : renfort de thé, de sucre, d'eau et de charbon. Des veillées sont systématiquement organisées pour "voir si les gars vont pas nous voler" disent quelques membres du "grin". Des indiscrétions qui, selon eux, viennent de la Commission Electorale Indépendante (CEI) parlent non seulement de la victoire de ADO au premier tour mais des nombreuses tentatives de Gbagbo pour tricher. Un "kôrô" soutient que "c'est un de nos gars qui est là bas qui a dit que les voleurs de FPI ont voulu mettre des bulletins dans des urnes dans son coin mais les gars l'ont siri [2]".
Pour cette première partie de la série de papiers relatif à l'implication des espaces de discussions de rues (EDR) dans la campagne nous nous limitons à ce premier jet.

Petit vocabulaire du nouchi
1. Expression qui signifie calmer ses angoisses, mettre fin aux tourments
2. Mot malinké qui signifie attrapé, saisir. Ici il s'agit de quelqu'un qui a été pris sur le fait

Présidentielles 2010 en Côte d’Ivoire : Jacqueline Lohouès-Oble ou la grande Marche des femmes.


Le conseil constitutionnel ivoirien a proclamé les résultats définitifs des élections présidentielles du 31 octobre 2010 en Côte d’Ivoire le samedi 6 novembre. Par la voix de son premier responsable il a validé les résultats provisoires déjà annoncés. Parmi les nombreuses surprises apparues, on note le résultat plus qu’honorable de la seule femme en lisse.


A l’image des autres candidats, Jacqueline Lohouès-Oble a parcouru villes et hameaux pour exposer aux Ivoiriens son programme de gouvernement. A côté des tournées et des meetings, elle s’est soumise à l’épreuve de l’entretien de 90 minutes sur les ondes synchronisées de la radio et de la télévision avec des journalistes. Son programme de gouvernement est passé au crible avec, en prime, le passif de son passage au Ministère de la justice.

Les résultats provisoires de ces élections présidentielles proclamés par la Commission Electorale Indépendante (CEI) le mercredi 3 novembre 2010, sont validés par le Conseil constitutionnel 48 heures plus tard. Jacqueline Lohouès-Oble engrange 12.271 voix pour une première participation aux élections présidentielles soit 0,27% des suffrages exprimés. Sa candidature, au regard du classement général à la suite des résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel, ne paraît pas avoir été mal perçue. Du reste elle a fait bonne impression en s’autorisant un score de 6.373 voix dans une localité devant l’un des plus vieux routiers de l’arène politique ivoirienne qui lui, a totalisé seulement 3.278 voix. Sur les 14 candidats, elle vient en 8ème position. Au lendemain de la proclamation des résultats provisoires, elle a dit : « On peut se réjouir des résultats que nous avons eus, si l’on tient compte du peu de moyens dont nous disposions et d’une année de campagne. Si l’on avait eu plus de moyens et de temps, on aurait certainement fait plus ».

Le résultat obtenu par Jacqueline-Lohouès Oble appelle 3 réflexions majeures. Elle a Commencé sa campagne dans la ville de Grand-Bassam, petite bourgade touristique située à 43 km de la capitale, Abidjan. C’est une ville-symbole qui a été, en 1945, le théâtre de la grande Marche des femmes sur la prison pour la libération des cadres du Parti Démocratique Ivoirien du Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) en butte au pouvoir colonial. Pour Lohouès-Oble, il s’agit, en rappelant à l’opinion nationale et internationale le rôle historique majeur des femmes dans la participation politique, ses propres capacités à impulser et à entretenir un changement social significatif. En passant, elle projette de rallier à sa cause non seulement l’électorat féminin toute catégorie sociale confondue mais aussi la vieille garde conservatrice du plus vieux parti politique ivoirien, le PDCI. En plus, elle montre aux yeux de tous qu’une femme peut être portée à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire. C’est un pas vers la construction de l’égalité de genre. On peut avancer enfin que Jacqueline est le symbole qui va participer à l’émergence d’une nouvelle élite politique, économique, culturelle, etc. Mais au-delà cette perspective élitiste, Lohouès-Oble est le déclencheur de projets de réussite des personnes vulnérables, notamment les femmes. C’est le modèle d’une lutte que la candidate elle-même a résumé en ces termes lors d’un meeting le 14 octobre à Divo, ville située à 189 Km d’Abidjan : « Mettons-les [les hommes] a la retraite si nous voulons le développement ». Elle pourrait se représenter à la prochaine élection avec plus de réussite.