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mardi 12 juillet 2011

Sud-Soudan : les défis d'un nouvel Etat en construction


Ce samedi 9 juillet 2011 est une date historique dans l'histoire des États africains. Le monde vient de signer l'acte de naissance du Sud-Soudan. Mais au-delà des youyous de joie le 54ème pays africains et 193ème États du monde porte en lui les germes de crises antérieurs qui compromettent son avenir.

Un "bébé" déjà trop vieux et trop agité

Le Sud-Soudan a cristallisé ce samedi 9 juillet 2011 l'ensemble des médias internationaux avec la célébration de son accession à l'indépendance. "Par la présente, je jure par Dieu tout puissant qu'en tant que président de la République du Soudan du Sud je serai fidèle et je prête allégeance à la République du Soudan du Sud", par ces mots, le Président Salva Kiir a scellé l'entrée Sud-Soudan dans le concert des nations libres. La cérémonie s'est déroulée devant la France, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l'Union Européenne et le Secrétaire générale des Nations Unies.
Mais le Sud-Soudan n'est pas si jeune. Il sort tout droit de la cuisse du Soudan, situé au nord-est de l'Afrique. Le Soudan est le plus vaste pays du continent africain avec une superficie de 2,5 millions de Km2 soit 82 fois plus grand que la Belgique et 4,5 la France. Le Sud-Soudan est le produit d'une sécession qui a coûté très chère au Soudan. Il est le fruit de plus de 2 décennies de guerre civile au Soudan (22 ans) avec une facture de plus de plus de 2 millions de morts. En effet depuis longtemps un vieux conflit oppose les populations arabisées du Nord et les populations noires africaines du Sud. Sur fond de contrôle des ressources, des groupes armés se sont opposés dans les classiques registres de conflit en Afrique : géographique nord contre Sud et chrétiens contre musulmans avec des leaders comme Jhon Garang.
Usé par de longues années de guerre et écartelé entre les intérêts des Etats-Unis et leurs rivaux Chinois et russes, le Président Omar Al-Bashir et le mouvement sécessionniste de l’armée populaire de libération du Soudan (SPLA) de John Garang signe un accord de paix le 9 janvier 2005. Cet accord prévoit la signature d'un référendum d'autodétermination 6 ans après avec à la clé, l’autonomie du Sud Soudan jusqu’à la tenue du référendum et une division égale des revenus du pétrole, majoritairement extrait au Sud mais exporté via la façade maritime du Soudan, située au Nord. L'accord a été respecté avec la tenue. Du 9 au 15 janvier 2011, s'est tenu un referendum au cours duquel les Sud Soudanais ont exprimé à 98,83% leur volonté de se séparer du Nord Soudan. L'indépendance au forceps cache mal les défis qui attendent le nouvel État indépendant.

Les défis à relever

Les défis sont nombreux. En fait, ils sont à l'image de l'histoire de ca région traversée par les conflits.

La question des frontières et des ressources : la malédiction du pétrole

Avec l’indépendance du Sud, le Nord Soudan va perdre 20% de sa population, 25% de son territoire et 35% de ses ressources financières. e Soudan possède des réserves de 6,7 milliards de barils de pétrole.
Trois quarts des 470.000 barils produits chaque jour par le Soudan, proviennent du Sud et des régions frontalières.
Le pétrole représente 98% des ressources du Sud-Soudan et est exporté via des oléoducs qui traversent le Nord-Soudan pour rejoindre la mer Rouge. De plus, le pays dispose également d'importantes richesses minières, notamment en uranium. Il y a également un fort potentiel agricole non-exploité à cause de la guerre. La répartition paritaire des ressources (50% pour chacun) est un sujet potentiel de discorde.
Le pétrole augmente les risques d'exposition du pays au syndrome hollandais (la forte exploitation du pétrole et l’afflux des rentes dérivées des exportations produisent une appréciation du taux de change réel qui réduit la compétitivité des autres secteurs d’exportation comme l'hévéa par exemple) qui a déchiré et défiguré le Congo et le Nigeria. En sus, l'or bleu, l'eau pose déjà problème. En effet, le partage actuel entre le Soudan et Égypte à 87% (55,5 milliards de m³ à l’Égypte et 18,5 au Soudan), est battu en brèche par l’Éthiopie, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, et la République démocratique du Congo, concernés par le bassin et qui réclament une répartition plus équitable. Il est à craindre que des pays comme l'Égypte ne soit pas favorable au partage des ressources de l'eau entre les autres pays et le Sud Soudan à cause des projets de centrales hydroélectriques et de pêche industrielle.

Des frontières sous haute tension

Les frontières du Sud-Soudan constituent en source de tension. Les conflits locaux sont encore vivaces à Abyei, le Haut-Nil, et le Unity. En outre les besoins en eau opposent continuellement les fermiers sédentaires aux éleveurs nomades qui traversent les frontières sans tenir compte des délimitations institutionnelles. Le cadre foncier baigne dans l'informel.
D'autre part, la nouvelle constitution consacre la restitution des biens des sud Soudanais. Or la guerre a désorganisé le pays. Les terres et les maisons abandonnées lors des fuites des combats sont maintenant occupées. Enfin, la région est animée par de nombreuses bandes armées (telle que l'armée de libération du Seigneur se déplacent pour piller.

Sous l'œil vigilant de Big Brother et ses "copains"

Le sud Soudan est sans nul doute l'une des parties du monde où se déroulent les plus grandes batailles pour le contrôle du monde ou plutôt, du pétrole. Le stigmate de la malédiction du pétrole courre depuis longtemps. Sensible aux vapeurs enivrantes du pétrole, les Etats-Unis ont largement contribué au dépeçage du Soudan en créant le sud soudan. Le sud Soudan, créature américaine est presque condamner à satisfaire les désirs de son maître. Mais l'odeur du pétrole attire aussi d'autres acteurs internationaux comme la Chine et la Russie. En embuscade se tient aussi la France et ses velléités expansionnistes. Les vœux de ses brandes puissances trouvent malheureusement un écho favorable auprès des bandes de pillards qui ont mesuré tout le bénéfice qu'ils peuvent tirer dans la fabrication de rebellions armées. Cela est d'autant plus inquiétant que le précédent sud soudanais risque de servir d'exemple à d'autres groupes armés qui vont se lancer dans des projets sécessionnistes en Afrique.
D'autre part, les énormes besoins de la Chine en matières premières pour nourrir son gigantesque industrie n'augure pas de bons présages pour la jeune nation. A côté d'elle les autres États BRICS, Brésil, Russie, Inde et Afrique du Sud sont engagés dans la féroce bataille de reconstruction du monde pour imposer leur hégémonie. Les divergences géostratégiques qui entretiennent depuis toujours la guerre dans cette zone vont intensifier la violence. A la grande joie des nouveaux acteurs de la paix et de la guerre drapés dans les beaux costumes du juge et de l'arbitre.