Bilan 2014
Le 31 décembre 2014 a tiré le rideau de l'année qui vient de s'écouler. Que de mouvements et de retournements! Tous les secteurs d'activités ont connu des remous.
Au plan économique, de nombreux efforts ont été consenti par le gouvernement pour améliorer les conditions de vie des ivoiriens. Si, certaines mesures semblent avoir changé le cadre de vie par la construction de et la réhabilitation de ponts, de routes, etc., il n'en demeure pas moins que le niveau de pauvreté reste élevé.
Le bilan de la santé est mitigé. Des mesures vigoureuses dont la gratuité des soins pour les femmes en couche ont été
prises. Mais, dans les faits, la réalité est triste. Le dispositif ivoirien de prévention pour empêcher l'apparition et le développement du
virus Ebola été efficace. Aucun cas n'est apparu en Côte d'Ivoire et la stratégie de riposte est en place. Le paiement des soins est pratiquée. Les plateaux techniques des établissements sanitaires ne sont pas dotés en matériels adéquats pour mettre en œuvre la mesure. La santé coûte toujours cher.
L'école dans son ensemble a connu peu de crises hormis les mouvements des universités publiques. Mais de nombreux efforts orientés en direction des jeunes filles ont été entreprises pas la Ministre de l'
éducation nationale Kandia Camara, notamment la lutte contre les grossesses en milieu scolaire.
La grande muette a été très bruyante. Les Forces Républicaines de Côte d'Ivoire
(FRCI) ont été traversé par des crises. La plus grosse crise a, sans nul doute, été le soulèvement des soldats pour le paiement de leurs soldes de 2009. Plusieurs villes ont été paralysées. Le très médiatique Ministre de l’intérieur,
Hamed Bakayoko, continue de lutter contre l'
insécurité qui continue de perdurer das le Nord de la Côte d'Ivoire.
Le registre
culturel ivoirien a connu une certaine vitalité. Le nouveau ministre a poursuivi et initié des actions en faveur des anciens du cinéma, de la musique, de la danse, etc. Les mérites des anciennes gloires ont non seulement été reconnus mais elles bénéficient de certaines prestations qui leur permettront de vivre paisiblement leur retraite.
Le champ politique a été mouvementé. Les procès de Laurent Gbagbo, Simonne Gbagbo, Charles Blé Goudé et les autres militants du FPI ont fait l'essentiel de l'actualité ivoirienne. La scission entre les frères du RHDP a commencé lors des élections législatives et municipales. Le RDR et le PDCI se sont disputés les sièges et les régions.
Perspectives 2015
L'année 2015 est spéciale. Elle est une année électorale. Les enjeux politiques qui sous-tendent ces élections sont énormes. L'alliance
RHDP est traversé par une guerre des frères d'hier.
L'appel de Daoukro d'
Henri Konan Bédié le 17 septmebre 2014 officialise et systématise le ralliement du
PDCI au RDR pour les élections présidentielles de 2015. Bédié invité ses militants à voter pour le
RDR. Mais sans compter certains militants du plus vieux parti de Côte d'Ivoire qui sont des candidats.
Essy Amara,
Charles Konan Banny et
Kouadio Konan Bertin alias KKB se posent comme de véritables pourfendeurs du mot d'ordre du Président Bédié. Ils ont été rejoint par des intellectuels comme
Tiburce Koffi qui vient d'être débarqué de la direction de l'
INSAAC pour avoir refusé d'obtempérer. Au pire des cas, ces déçus du PDCI vont se présenter sous la bannière de candidats indépendants. La conséquence directe de cette initiative est la fragmentation des voix du RHDP, ces militants qui en 2010 ont permis à cette alliance d’accéder au pouvoir.On peut aussi, dans un autre registre supposer un rapprochement entre ces candidats et l'opposition notamment, le
FPI.
Mais le FPI est lui-même est en proie a des soubresauts. L'ex Président
Gbagbo Laurent est opposé dans une violente lutte à
Affi N'Guessan l’actuel président du parti. Le parti est d'autant plus bousculé que la justice ivoirienne vient d'invalider la candidature de Gbagbo a la présidence du parti. L'autre coup d'épée de la justice est la ferme volonté de la justice internationale de juger l'ex Président par le biais de la
CPI pour les violences post électorales de 2010. Comme si cela ne suffisait pas, l'épouse de l'ex Président est jugée par la justice locale avec plusieurs militants du parti. Toute cette pression est censée
briser ce parti. Affi N'Guessan en allant aux élections de 2015 ne pourra pas gagner ces élections dans la mesure où il n'a pas été adoubé par la base du FPI. Il est considéré pas ces derniers comme un faire-valoir venu pour donner un cachet de crédibilité à l'élection d'Alassane Ouattara s'il est élu. Plusieurs options sont plausibles. Le FPI peut boycotter les élections de 2015 et inviter les militants à ne pas voter pour Affi N'Guessan dans le but de lui faire subir le même sort que
Mamadou Koulibaly, Président du parti politique
LIDER et ex locataire de l'Assemblée nationale et allié de Laurent Gbagbo. L'autre schéma pour le FPI est d'inviter ses militants à voter pour le meilleur candidat opposé à l'appel de Bédié et à Alassane Ouattara. L'objectif étant de faire tomber le Président Ouattara et d'enfoncer Bédié. Mamadou Koulibaly qui semble être le seul adversaire d'Alassane Ouattara ne peut pas remporter les élections. Il ne bénéficie pas du soutien des militants du FPI. C'est sans doute la crainte du rapprochement entre le FPI et le PDCI qui pousse le RDR à mettre sous pression tous les partis de l'opposition selon l'adage qui recommande que la meilleure stratégie en politique est l'attaque.
Enfin, la succession du Président Alassane Ouattara pointe son nez. Les deux dauphins, le tout puissant Shérif d'Abidjan, Hamed Bakayoko mène une guerre sourde contre le redouble chef de l'ex rébellion des FAFN, Soro Kigbafori Guillaume nouveau locataire de l'Assemblée nationale. Le premier est titulaire du Ministère d'Etat, Ministère de l’intérieur. Il dispose donc de tout l'appareil de sécurité légitime et légal de Côte d'Ivoire. Toutes les forces de défense sont entre ses mains dont les redoutables forces spéciales et les renseignements généraux. Il a aussi le capital sympathie de son clan, les
Kôyaka, groupe ethnique allié aux
Malinké communément appelés
Dioula. En plus, il est très proche du couple présidentiel. Grand communicateur à l'allure de jeune premier il vend bien son image grâce à son puissant réseau dans le milieu de la communication (artistes chanteurs, animateurs radio surtout de la radio
NOSTALGIE, etc.). Les hommes du spectacle, de la nuit et du show bizz sont ses alliés. Son image de lutteur voire de loubard lui vaut aujourd’hui le surnom de
Hambak. Soro Guillaume, alias Bogota, est un redoutable adversaire politique. Il est l'ancien filleul de Laurent Gbagbo qui, dans une certaine mesure l'a aidé à construire sa carrure politique lors de son militantisme estudiantin à la
FESCI, en tant que secrétaire général de la FESCI. Entre 2002 et 2010, il a été à la tête de la rébellion des
FAFN en tenant d'une main de fer une armée de rebelles composée de soldats déserteurs des
FDS, de volontaires et de détenus. La zone Centre Nord Ouest (
CNO) tenue par la rébellion a fonctionné durant ces années de chef rebelle comme une ''école'' où il a appris a administrer un territoire, des hommes et des ressources. Dans le cadre des accords de Ouagadougou, Soro Guillaume a occupé de hauts postes dont celui de Premier Ministre. En mettant ses hommes au service d'Alassane Ouattara lors de la bataille d'Abidjan Soro Guillaume a montré ses talents de
Chef des armées. Ce qui lui vaut aujourd’hui son poste de Président de l’Assemblée nationale. Il est aujourd’hui la deuxième personnalité du pays. En clair, Soro jouit d'un immense capital politique qu'il peut reconvertir facilement dans son réseau politico-diplomatique et militaire. Sa faiblesse réside dans son image de chef rebelle. Il fonctionne comme un stigmate qui fait parfois de lui un allié peu fréquentable. Malgré tout, il fait un lifting de son image pour se débarrasser de ses oripeaux de chef rebelle en communiquant beaucoup par des publications (livres, tweets, etc.). En plus la plupart des responsables des FRCI sont les Com'Zones qui ont fait allégeance à Soro Guiklaume. Or ces chefs ont des hommes qui ont presque tous été reversés dans l'armée régulière. En clair, Soro Guillaume dispose toujours d'une armée invisible de soldats prêts à se battre pour et avec lui. Et les nombreux épisodes de désobéissance et de troubles dans l'armée peuvent être mis à l'actif de l'invisible visible main de Soro. Les deux hommes, Soro Guillaume et Hamed Bakayoko se donnent des crocs en jambes dans la même armée qu'ils contrôlent tous les deux de différentes
façons. Ils se disputent tous les deux la sympathie des Dioula, nom générique donné aux populations du nord qui ont soutenu largement Alassane Ouattara en 2010 avec, en fond, les Sénoufo derrière Soro Guillaume et les Kôyaka proches d'Hamed Bakayoko. Il reste à craindre que la guerre de ces deux dieux ne soit une catastrophe pour les populations vivant en Côte d'Ivoire en 2010. La galaxie du RDR sera secouée par ces deux poids lourds. La vielle garde du RDR animée par les héritiers du patriarche Gbon dont Aamadou Coulibaly risque de se faire rafler la mise par ces deux dinosaures. Les partis résiduels comme l'UDPCI et le MFA, memebres du RHDP seront obligés de faire allégeance aux deux. La réalité politiques s'impose à eux.