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mercredi 26 mai 2010

Un TD à la Sorbonne du Plateau


Au lendemain de l'échec de la tentative de déguerpissement des locataires de la Sorbonne du Plateau les commentaires sur cet événement sont abondants. A la Sorbonne, le mardi 26 mai 2010, les Sorbonnards font le bilan de la folle journée du lundi de Pentecôte.


Un TD chez Mado

L'une des activités majeures de cet espace est l'organisation des Travaux Dirigés (TD). Elle consiste en un regroupement de personnes, orateurs et assistants dans un coin de l'espace pour échanger sur des sujets variés. C'est une sorte de préambule, d'entrée en matière ou d'ouverture aux interventions des orateurs. Il réunit un petit groupe d'individus dont le nombre varie selon les sujets, les espaces et les sujets à l'ordre du jour.

A la Sorbonne, le mardi 26 mai, il est 8 h 40 mn lorsque 25 jeunes personnes se regroupent et se coincent dans la gargote de "Mado". C'est une vieille dame qui répond au prénom de Madeleine ou "Mado" (pour les Sorbonnards) qui depuis toujours vend du café. On y consomme du thé au citron et du café. La plupart des visiteurs, notamment les Sorbonnards y prennent du café avant de commencer les échanges. Ce matin, le sujet du TD au programme est la résistance face à la tentative de déguerpissement du Maire Akossi Bendjo.

Le Professeur Salam, Lekota et Adolphe, des orateurs et d'autres consommateurs relatent les faits de la veille. Selon eux, tôt le matin, les hommes de Bendjo ont tenté de les déloger. Les hommes en charge d'exécuter l'ordre de déguerpissement étaient accompagnés par un caterpillar qui avait pour mission de démolir les magasins. Mais avec énergie ils ont été mis en déroute. A 9 h 40 mn le nombre de participants au TD passe à 47 personnes. Certains sont assis sur les 5 bancs autour des 2 tables de "Mado" et les autres sont débout aux alentours.

Tous les acteurs de la Sorbonne sont félicités. Les jeunes sont traités en héros pour leur courage. Les femmes ne sont pas restées en marge de l'action. Elles approvisionnaient les hommes en pierres et autres projectiles de fortune (morceaux de planches, bois, etc.). Après les échauffourées elles ont confectionné des repas servis gracieusement aux hommes. Autour de 11 h le groupe se dégraisse et atteint 23.

Les implications

Le projet du Maire du Plateau a eu 3 conséquences majeures. Au niveau professionnel, la crise a perturbé le fonctionnement de la mairie. Ses portes sont restées fermées durant toute la journée du mardi. Les bruits couraient que les Sorbonnards voulaient lancer eux aussi un "assaut" sur la mairie pour rendre la monnaie au Maire. Les usagers se sont donc retrouvés devant des barbelés en lieu et place des agents pour les services courant comme le dépôt et le retrait d'extrait d'acte de naissance, de mariage, de décès, etc.

Au plan économique, la perturbation du fonctionnement de la mairie a manifestement empêcher l'entrée de d'argent. Les frais des services sont des revenus qui remplissent les caisses de la mairie. Les conséquences vont cependant bien au-delà de la mairie. Les commerçants dont les magasins se situent à proximité de la Sorbonne ont travaillé au ralenti. Les opérateurs économiques travaillaient dans un climat lourd avec, dans le coeur, la crainte d'un affrontement entre les adversaires d'hier.

Politiquement, c'est un revers pour le Maire. Du reste l'un des orateurs s'en est moqué en affirmant que "Bendjo a été désavoué et il ne sait pas a quel saint se vouer". Derrière cette formule c'est l'échec de la famille de l'opposition, notamment le RHDP. Il se heurte, encore une fois devant le rideau formé par la collusion entre les Sorbonnards et leurs puissants alliés du camp présidentiel. On a assisté à une crise au niveau du fonctionnement des services de l'Etat. Le Maire a tenté en vain de réquisitionner les forces de l'ordre pour exécuter son projet de déguerpissement. Il n'a pas eu gain de cause. Les antagonismes politiques ont perturbé, fragilisé le pouvoir d'Etat. Le Maire, le Préfet de police, le Ministre de la défense, la police se sont illustrés par un dysfonctionnement de la machine étatique. Les principaux acteurs impliqués dans la crise ont réagi différemment devant la situation. La logique politique à prévalu sur la logique administrative.
D'autre part, c'est également l'expression de la Sorbonne qui fonctionne comme un lieu de résistance sociale. Au-delà du gain politique c'est aussi un actif sociale qui tombe dans l'escarcelle des populations vulnérables. Les nombreux commerçants qui exercent à la Sorbonne échappent encore une fois à une autre tentative de destruction de leur patrimoine. Pour les femmes c'est une réponse vigoureuse à l'acharnement du Maire. Il y a quelques années, il les avaient expulsé du marché sans envisager la possibilité de recaser tout le monde. Les plus heureuses se sont retrouvées au marché aux fruits près de la Compagnie Abidjanaise de Réparation Navale (CARENA). Les autres, privées de source de revenus ont trouvé leur salut à la Sorbonne. Elles avaient une revanche à prendre devant un Maire qui initie des projets pour les plonger dans la précarité. La Sorbonne sort ragaillardie et plus forte de cette crise. Le Maire, encore plus fragilisé.

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